Le président Barack Obama a prévenu vendredi les républicains que le «temps presse» pour relever le plafond de la dette et éviter «la fin du monde» que serait un défaut de paiement des États-Unis, tout en se disant ouvert à une proposition «sérieuse» de ses adversaires.

«Le temps presse», a lancé M. Obama au cours d'une conférence de presse à la Maison Blanche. Il a rappelé qu'il avait donné, jeudi, 24 à 36 heures aux élus pour trouver un accord, alors que la menace d'un défaut de paiement des États-Unis début août se précise de plus en plus.

«S'ils (les élus, ndlr) me montrent un plan sérieux, je suis prêt à bouger», a-t-il ajouté. Les négociations organisées quotidiennement cette semaine à la Maison Blanche avec les républicains se sont révélées infructueuses jusqu'à maintenant.

Dans le même temps, M. Obama a qualifié de «pas sérieux» le plan républicain de parvenir à un compromis sans augmenter les impôts. Il a aussi répété sa préférence pour un ambitieux plan de réduction des déficits de 4000 milliards de dollars sur 10 ans.

Faute d'accord, M. Obama a aussi laissé entendre qu'il pourrait soutenir un complexe plan de repli proposé par le chef de la minorité du Sénat, Mitch McConnell. «Il est constructif de dire que si Washington fonctionne comme d'habitude et que rien ne peut aboutir, essayons au moins d'éviter la fin du monde», a-t-il dit, en employant le terme biblique «Armageddon».

Une nouvelle proposition républicaine, révélée vendredi, consisterait à réduire de 2.500 milliards de dollars les dépenses fédérales et limiterait les dépenses de l'administration à un certain pourcentage encore en discussion. En échange du relèvement du plafond de la dette, elle appellerait à ajouter un amendement à la Constitution pour imposer un budget équilibré.

Les républicains souhaitent mettre ce plan au vote la semaine prochaine.

Mais, déjà, M. Obama a disqualifié cette proposition, car elle ne prévoit aucune hausse d'impôts pour les plus aisés. «Le fait de ne rien demander aux plus fortunés d'entre nous (...) ne me paraît pas être un bon plan», a-t-il assuré.

Certains élus du Congrès sont «bloqués dans leur idéologie», a-t-il regretté, une allusion aux républicains soutenus par la mouvance ultraconservatrice du «Tea Party» qui refusent catégoriquement toute hausse d'impôts.

Depuis la mi-mai, la dette fédérale américaine, à 14.294 milliards de dollars, a atteint le maximum autorisé, un problème que le Trésor n'entend pas contourner éternellement et qui requiert un relèvement du plafond légal par un vote du Congrès.

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, bloquent pour l'instant, souhaitant qu'on s'attaque au déficit, après avoir cultivé une attitude inverse pendant des années.

Au-delà du 2 août, le défaut de paiement menace, a répété jeudi le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner: «nous n'avons plus beaucoup de temps. Il faut agir» et «profiter de cette occasion pour nous occuper de nos problèmes budgétaires à long terme».

M. Obama estime avoir fait sa part en acceptant de sacrifier d'importants budgets publics et même de toucher aux grands programmes sociaux, au risque de s'aliéner sa base démocrate.

Certains économistes et milieux d'affaires redoutent l'onde de choc pour l'économie mondiale encore convalescente en cas de défaut de paiement.

Mais Barack Obama s'est voulu optimiste vendredi, affirmant que les États-Unis ne sont ni dans la situation de la Grèce, ni dans celle du Portugal.

Il s'est même permis une pique humoristique. «J'ai toujours de l'espoir. Vous ne vous souvenez pas de ma campagne?», a-t-il lancé aux journalistes, en référence au mot «espoir» (hope), slogan démocrate pour la présidentielle de 2008.