Deux indicateurs économiques publiés vendredi aux États-Unis, portant sur la croissance et l'industrie, se sont révélés pour une fois meilleurs que prévu, sans pour autant dissiper les interrogations sur le ralentissement de la première économie mondiale.

Le gouvernement a revu à la hausse son estimation de la croissance du produit intérieur brut au premier trimestre, à 1,9% en rythme annuel au lieu de 1,8% dans l'estimation précédente. Les analystes tablaient sur un maintien de cette estimation.

Dans l'industrie, les commandes de biens durables ont affiché une hausse de 1,9% en mai, soit mieux que les 1,5% prévus par les analystes.

Au printemps, les analystes avaient eu tendance à être surpris par le ralentissement de l'activité et la vigueur de l'inflation. Ils en ont maintenant pris la mesure, tout comme la banque centrale (Fed) dans son communiqué de politique mercredi.

«Notre point de vue est que l'économie souffre d'un mini-épisode de stagflation, ce qui laisse la Fed tiraillée dans sa double mission de niveau maximal d'emploi et de stabilité des prix», ont jugé les économistes de RDQ Economics.

«La grande question, c'est de savoir combien de temps durera ce passage délicat et s'il empirera. Les perspectives immédiates ne sont pas bonnes», a relevé Nigel Gault, d'IHS Global Insight.

Cet économiste a relevé les dernières mesures du moral des consommateurs et de l'activité perçue par les directeurs d'achats des entreprises, qui ont déçu. Il a distingué toutefois «des signes d'espoir pour le second semestre».

Selon la majorité des analystes, la croissance du deuxième trimestre devrait avoir été au mieux un peu plus rapide que celle du premier et encore nettement insuffisante pour faire chuter le chômage aux États-Unis.

La situation était un peu semblable il y a un an, avec un deuxième trimestre de ralentissement imprévu (1,7% de croissance), partiellement imputable aux craintes nées de la crise économique en Grèce. L'économie américaine avait fait de meilleurs troisième et quatrième trimestres (2,6% et 3,1%), portant la croissance sur l'ensemble de l'année 2010 à 2,9%.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, fait le pari d'une même accélération au second semestre 2011, qui donnerait de l'élan pour 2012. «Nous pensons que la croissance va se reprendre à mesure que nous approchons de 2012», soulignait-il devant la presse mercredi.

Jeffrey Greenberg, de la maison de courtage Nomura, adhère à l'explication des «facteurs temporaires» de ralentissement économique que discerne la Fed.

«L'économie a avancé en crabe au premier semestre, mais des facteurs temporaires, comme le mauvais temps, des prix de l'énergie passagèrement élevés, et les perturbations de l'offre du Japon sont en train de s'effacer», a-t-il détaillé.

Moins «temporaires» cependant devraient être les retombées du retrait du soutien public à l'activité.

Le programme de rachat de 600 milliards de dollars de titres de dette du Trésor par la Fed expire le 30 juin, et le plan de relance de 787 milliards de dollars lancé en mars 2009 ne fait plus sentir ses effets.

Avec la fin de ce plan et les difficultés budgétaires des États et collectivités locales, la baisse des dépenses publiques a été un facteur négatif pour la croissance au premier trimestre, lui retranchant 1,20 point. Dans le calcul du produit intérieur brut, elles n'avaient jamais autant reculé depuis 1983, sous la présidence de Ronald Reagan.