Le président Barack Obama a donné de nouveaux signes d'apaisement au monde des grandes entreprises lundi en appelant le patronat à l'aider à relancer le marché de l'emploi et à soutenir son programme d'investissements pour la prospérité des États-Unis.

«Je suis ici pour établir de meilleures relations de voisinage», a affirmé le président après avoir franchi à pied les 200 mètres séparant la Maison-Blanche de la Chambre de commerce américaine, une puissante émanation du grand patronat.

«Je suis convaincu que nous pouvons et devons travailler ensemble. Quels que soient nos différends, je sais que nous avons foi en ce pays, dans nos compatriotes et dans les principes qui ont fait de l'économie américaine l'envie du monde entier», a poursuivi M. Obama.

La Maison-Blanche et la Chambre de commerce ont entretenu depuis 2009 des relations très tendues, qui ont culminé lors des élections de mi-mandat en novembre lorsque la Chambre a ouvertement soutenu des candidats républicains face aux démocrates de M. Obama, finalement défaits dans les urnes.

Présenté par ses adversaires comme l'apôtre d'une politique «tueuse d'emploi», à l'exemple selon eux de la réforme de l'assurance-maladie, M. Obama a du mal à se défaire de ces critiques, avec des créations d'emploi trop faibles pour entamer un taux de chômage encore à 9%.

Devant la Chambre de commerce, M. Obama a poursuivi dans la veine de son discours sur l'état de l'Union le 25 janvier, lorsqu'il avait appelé les États-Unis à investir pour rester compétitifs, notamment dans la recherche, l'enseignement et les infrastructures.

«C'est le moment d'investir aux États-Unis», a affirmé M. Obama. «Beaucoup de vos experts et de vos vendeurs prévoient désormais une augmentation de la demande. Je veux vous encourager à vous lancer», a-t-il ajouté, en faisant valoir que «plus d'Américains au travail signifie plus de ventes, davantage de demande et plus de bénéfices pour vos entreprises. Nous pouvons créer un cercle vertueux».

Il a donné des gages aux patrons en promettant d'éliminer les barrières réglementaires qui pourraient handicaper la croissance des entreprises, et rappelé son engagement à simplifier sa propre administration.

Mais il a aussi prévenu qu'il ne cèderait pas sur «les garde-fous nécessaires à la protection des Américains», au moment où la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants est à l'offensive contre les réglementations économiques.

En écho à un célèbre discours de son prédécesseur John F. Kennedy il y a un demi-siècle, M. Obama a souligné que la réussite future des États-Unis ne dépendait «pas seulement de ce que le gouvernement peut faire pour vous aider à réussir. Cela dépend aussi de ce que vous pouvez faire pour aider les États-Unis à réussir».

Il y a encore un an, M. Obama n'avait pas de mots assez durs contre les banquiers «gras» de Wall Street. Il avait même proposé sans succès un impôt punitif contre les institutions financières.

Mais après la «raclée» des législatives, il a lancé de multiples perches au grand patronat, recrutant en particulier comme secrétaire général de la Maison-Blanche William Daley, ancien ministre du Commerce et haut responsable de la banque JP Morgan Chase, qui a aussi touché des jetons de présence de grandes entreprises pharmaceutique et aéronautique.

Le président de la Chambre de commerce, Thomas Donohue, avait salué cette nomination, qui avait toutefois été mal reçue par la gauche du parti démocrate.