Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed), Ben Bernanke, a estimé jeudi que la reprise économique de son pays n'était pas encore «vraiment établie», plus d'un an et demi après son début.

«Tant que nous n'aurons pas de créations d'emploi plus fortes pendant une période prolongée, nous ne pourrons pas considérer que la reprise est vraiment établie», a déclaré M. Bernanke au National Press Club de Washington, à l'occasion d'une rare rencontre avec la presse.

Cette remarque laisse présager que la Fed n'est pas encore prête à retirer son soutien exceptionnel à l'économie et qu'elle devrait mener à terme son programme de rachats de bons du Trésor américain devant courir jusqu'à la fin juin.

M. Bernanke a néanmoins redit que la croissance économique devrait s'accélérer en 2011 et qu'il y avait des preuves «plus nombreuses» permettant de penser que la consommation des ménages et l'investissement des entreprises pouvaient progresser sans l'aide des pouvoirs publics.

«L'amélioration de la conjoncture devrait entraîner un rythme plus rapide de la reprise économique en 2011 par rapport à celui que nous avons vu l'année dernière», a-t-il ajouté.

La croissance se renforce, mais elle «n'a pas été suffisamment rapide pour permettre une amélioration importante du marché de l'emploi», a ajouté le président de la Fed, répétant son estimation selon laquelle «il faudra plusieurs années avant que le taux de chômage revienne à un niveau plus normal».

Concernant le niveau des prix, M. Bernanke a estimé que l'inflation restait globalement «assez» faible, malgré «des hausses importantes de certains prix très visibles, notamment celui de l'essence».

La Fed a pour mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix, et M. Bernanke a répété qu'elle ne pouvait se satisfaire de la situation actuelle sur ces deux fronts.

Le taux de chômage, qui a atteint 9,4% fin décembre, pourrait être remonté à 9,5% en janvier selon certains économistes (le chiffre officiel doit être publié vendredi), ce qui reste extrêmement élevé pour le pays.

L'indice d'inflation de référence de la Fed était de 1,2% en décembre, ce qui est inférieur au niveau que les dirigeants de la banque centrale jugent souhaitable (1,5 à 2,0%).

M. Bernanke a néanmoins estimé que la politique actuelle de la Fed portait ses fruits, en particulier son nouveau programme de rachat d'obligations du Trésor américain, destiné à faire baisser les taux d'intérêt à long terme pour stimuler l'investissement et la consommation.

À moins de quinze jours de la publication du projet de budget de la Maison-Blanche pour l'exercice 2011-2012, devant commencer le 1er octobre, M. Bernanke a exhorté une nouvelle fois gouvernement et élus à agir dès maintenant pour «mettre en oeuvre un programme de réduction crédible des déficits futurs».

Dans cette optique, il a appelé les élus du «Congrès à ne pas focaliser sur le plafond de la dette» mais à mettre plutôt l'accent sur la réduction des dépenses.

Il faisait référence au fait que la dette de l'État fédéral approche la limite maximale autorisée par le Congrès (14 290 milliards de dollars) et aux réticences d'une partie des élus républicains, le camp majoritaire à la Chambre basse depuis janvier, à relever ce plafond.

Le Trésor estime que la limite devrait être atteinte entre le 5 avril et le 31 mai et a demandé au Congrès de la remonter dans les temps, faute de quoi l'État pourrait se retrouver en défaut de paiement.