Les chiffres du commerce extérieur américain publiés jeudi ont confirmé que l'économie mondiale allait devoir s'habituer à ce que son plus gros importateur, les États-Unis, modère ses achats de biens étrangers.

D'après les statistiques du département du Commerce à Washington, le déficit commercial a poursuivi sa décrue, à 38,4 milliards de dollars en novembre contre plus de 50 milliards en juin.

Non seulement les États-Unis profitent de la bonne santé des économies émergentes pour exporter plus, mais chose plus étonnante en période de reprise économique, ils parviennent à maîtriser leurs importations.

«La baisse des importations de biens de consommation et d'automobiles est plutôt surprenante, compte tenu de la solide hausse de la consommation sur le mois», a commenté Inna Mufteeva, de la banque Natixis.

Les États-Unis représentent une part décroissante des importations mondiales. Alors qu'elle était de 15,9% en 2005, elle avait chuté à 12,7% en 2009, selon les chiffres de l'Organisation mondiale du commerce.

En 2010, elle devrait être remontée: le commerce mondial devrait avoir progressé de 13,5% en 2010 d'après l'OMC, tandis que sur les onze premiers mois de l'année les importations américaines ont bondi de 20,4% sur un an. Mais depuis juillet, ces dernières stagnent en dessous des 200 milliards de dollars par mois.

Les États-Unis ont modéré l'afflux de pétrole et de véhicules étrangers, et ne voient augmenter les arrivées que de ce qu'ils ne fabriquent plus beaucoup chez eux: les biens de consommation comme le matériel technologique et vidéo ou l'habillement, et les biens d'investissement comme les machines-outils et l'équipement électrique et électronique.

«Les importations de biens d'investissement et de fournitures et matériaux pour l'industrie sont en hausse, en particulier les ordinateurs, le matériel de forage et d'exploitation pétrolière, les accessoires informatiques, et les semi-conducteurs: autant de choses dont ont besoin des entreprises en expansion», remarque Christopher Cornell, de Moody's Economy.com.

Mais pour le moment «la balance commerciale semble devoir apporter un coup de pouce important (à la croissance) au moment où la tendance à la hausse des importations s'inverse», estiment deux analystes de Morgan Stanley, Richard Berner et David Greenlaw.

«De plus, l'ascension de la demande de biens d'investissement est saine», ajoutent-ils.

Les États-Unis ont moins de pouvoir d'achat. Volontaire ou non, la baisse du dollar est nette depuis six mois: -4,3%, si l'on pondère par l'importance des partenaires commerciaux.

Le pays traverse aussi une longue phase où il croît moins vite que le reste du monde. D'après les données du Fonds monétaire international, 2010 a été la onzième année consécutive où la première économie mondiale a affiché un taux de croissance inférieur à celui de la planète. Jusqu'en 2000, ces deux taux ont été en concurrence.

Les économistes se demandent combien de temps les ménages américains vont résister à la tentation de consommer tous leurs revenus.

Leur taux d'épargne se maintient au dessus des 5% depuis le pic de la crise financière à l'automne 2008. C'est mieux que les 1 à 3% qui avaient prévalu les quatre années précédentes, mais cela reste faible, et ces revenus sont aidés par un État qui ne s'est pas restreint dans ses dépenses.