Nouvelle sensation de l'économie internet, le site Groupon, spécialiste des bons de réduction sur les services de commerces de proximité, a annoncé jeudi qu'il venait de lever un demi-milliard de dollars, après avoir décliné une offre de rachat à six milliards de Google.

Dans un document publié par les autorités boursières (SEC), Groupon a indiqué qu'il avait vendu pour 500 millions de dollars de titres, dans le cadre d'une opération visant à lever 950 millions. Elle avait été lancée le 17 décembre, soit quelques jours à peine après la fin des discussions avec Google rapportées par la presse.

Les investisseurs intéressés peuvent encore acquérir pour 450 millions de dollars de titres, qui restent à la vente.

Selon le New York Times, la jeune société, lancée en novembre 2008 à Chicago par un ancien étudiant en musique venu sur le tard à l'informatique, Andrew Mason, 30 ans, préparerait une entrée en Bourse qui pourrait intervenir dès l'an prochain.

En attendant, les dirigeants et premiers soutiens de la société ont déjà raflé la mise: plus de 344 millions des 500 millions levés sur les marchés sont allés rémunérer des dirigeants et administrateurs de Groupon, selon le document boursier.

Cette nouvelle levée de capital, après 135 millions de dollars déjà obtenus en début d'année auprès de Mail.ru (anciennement Digital Sky Technologies) confirme l'engouement pour Groupon, le numéro un des sites de bons de réduction, devant LivingSocial que soutient Amazon.

En l'absence de commentaires de Groupon, divers sites spécialisés calculent que la levée de capital valorise la société entre 4,8 et 7,8 milliards de dollars.

A en croire le New York Times, Groupon aurait été en discussions pour son augmentation de capital avec les fonds d'investissements Fidelity et T. Rowe Price, et avec Morgan Stanley, banque d'affaires en pointe sur le marché des introductions en Bourse.

Groupon permet à des petits commerces, des restaurants ou des salons de beauté par exemple, de proposer des services à prix très réduits, pour autant qu'un nombre minimum d'internautes se montrent intéressés.

Déjà présent dans plus de 300 agglomérations, de Knoxville et à Hong Kong, le site ne cesse de développer ses implantations, parfois à coup d'acquisitions de sociétés semblables.

Le refus de l'offre de Google, jamais discutée publiquement par les groupes concernés, a valu à M. Mason de figurer dans le classement des «pires patrons» dressé par un professeur de l'Université de Dartmouth, Sydney Finkelstein, au côté notamment de l'ancien directeur général de BP Tony Hayward.

«Il y a à peu près six milliards de raisons» pour que M. Mason figure dans ce classement, disait M. Finkelstein sur la radio publique NPR la semaine dernière, à commencer par le choix de repousser l'offre de Google, une occasion inespérée, alors même que son activité est facile à imiter. «Groupon est largement en tête maintenant», mais avec l'investissement d'Amazon, LivingSocial «va être un sérieux concurrent».

Sur le site d'analyse financière 247WallSt.com, Jon Ogg notait un risque pour les investisseurs: «Il y a un problème, et c'est pour ça que Google avait été critiqué au moment où il était prêt à acheter la société six milliards de dollars: les barrières pour pénétrer (le marché de Groupon) sont pratiquement inexistantes».