Mauvaise nouvelle à l'approche de Noël pour près de deux millions de sans emploi aux États-Unis: leurs prestations d'assurance-emploi, qui avaient été prolongées au-delà de la durée habituelle d'indemnisation, ont commencé à prendre fin mercredi.

À moins que le Congrès ne change d'avis, ces allocations prolongées jusqu'à 99 semaines s'arrêteront en décembre. Un coup dur pour de nombreux Américains qui ont du mal à joindre les deux bouts.

La fin des prestations signifie pour Wayne Pittman, 46 ans, de Lawrenceville, en Géorgie, son épouse et leur fils de 9 ans qu'ils ne pourront fêter Noël cette année. M. Pittman, un menuisier qui travaillait jusqu'à 80 heures par semaine au début des années 2000 avant de voir son activité se réduire et de se retrouver au chômage, consacrera son dernier chèque d'indemnisation chômage de 297 $ US au paiement de choses essentielles. Exit, donc, les cadeaux. «J'ai un petit garçon et c'est assez difficile de lui expliquer», confie-t-il.

L'allocation chômage hebdomadaire s'élève en moyenne à 302,90 $ US aux États-Unis. Les adversaires d'une nouvelle prorogation - des républicains et des démocrates conservateurs - estiment que la discipline budgétaire doit être prioritaire alors que le pays affiche une dette publique colossale de 13 800 milliards US.

Même si le Congrès reconduisait les prestations, cette aide financière n'est qu'un pis-aller, souligne de son côté Carol Hardison, directrice exécutive de l'organisation caritative Crisis Assistance Ministry, à Charlotte, en Caroline du Nord. Ce que veulent le plus ces quelque deux millions de prestataires, baptisés les «99ers», c'est un emploi.

Felicia Robbins, 30 ans, une résidente de Pensacola, en Floride, qui se préparait à quitter le foyer pour sans abri où elle vivait avec ses cinq enfants, dit non pas «chercher» mais plutôt «mendier» du travail. Elle a décidé d'utiliser ses dernières économies, environ 500 $ US, pour s'installer dans un petit logement.

Ancienne employée du système judiciaire pour les mineurs, Mme Robbins est au chômage depuis 2009 et touchera sa dernière allocation de 235 $ US le 13 décembre. Elle se rend chaque jour à l'agence locale pour l'emploi dans l'espoir de trouver du travail.

Trouver du travail en 99 semaines peut se révéler bien difficile quand tant d'emplois ont été détruits durant la Grande Récession qui a frappé les États-Unis entre 2007 et 2009. Malgré la création de 159 000 emplois dans le secteur privé en octobre, la reprise économique n'est pas assez forte pour faire baisser un taux de chômage de 9,6%.

«Je pose ma candidature à au moins deux emplois par jour», raconte Silvia Lewis, de Nashville, au Tennessee, qui a épuisé l'essentiel de ses économies et son épargne-retraite. Elle explique qu'elle et nombre de ses amis en quête de travail s'entendent répondre la même chose: «Vous êtes trop qualifié.»

Ancienne cariste de la compagnie aérienne US Airways, JoAnn Sampson fait le même constat. Cette habitante de Charlotte et son mari vont voir leurs allocations s'arrêter et elle n'arrive pas à trouver un emploi, même peu qualifié. «Lorsque vous postulez dans le commerce ou la restauration rapide, ils disent que «vous êtes surqualifiés» (...) que «ce travail n'est pas pour vous», explique-t-elle.

Faute de moyens, Shawn Slonsky, un électricien 44 ans habitant dans l'Ohio, n'achètera pas de cadeaux ni même d'arbre de Noël. Avant la récession, M. Slonsky gagnait environ 100 000 $ US par an et vivait confortablement avec son épouse.

Las, avec la crise, lui et son épouse ont perdu leurs emplois, puis leur maison, qui a été saisie, et le couple a dû emménager chez le père de M. Slonsky, âgé de 73 ans. Aujourd'hui, Shawn Slonsky redoute les fêtes de fin d'années et espère simplement arriver à boucler le mois avec son dernier chèque d'assurance-emploi. «On n'arrive pas à se mettre dans l'ambiance de Noël quand les choses vont mal», dit-il.