Les républicains, qui ont bien exploité la grogne populaire pour s'emparer de la majorité à la Chambre des représentants, seront confrontés à leurs responsabilités, dès aujourd'hui.

On s'attend à ce que les données d'octobre publiées ce matin fassent état de seulement 70 000 nouveaux emplois environ, soit 25 000 de moins qu'en septembre.

Le secteur privé devrait avoir poussé quelque peu à la roue, mais ce sont les municipalités et les États, qui n'ont pas le droit d'être dans le rouge, qui sabrent maintenant à qui mieux mieux.

«Seuls les États des Prairies ne font pas face à ce problème, car les prix élevés des produits de base gonflent leurs coffres», signale Paul Darby, économiste en chef adjoint au Conference Board du Canada, dans ses prévisions économiques automnales. Il ajoute que certaines industries, dont les services financiers, le transport et le commerce de détail, continuent de licencier.

La prévision consensuelle de 70 000 emplois cache enfin de grands écarts parmi les économistes sondés. Plusieurs estiment que le chiffre pourrait être plus élevé à la lumière des données de l'agence ADP, parues mercredi, qui étaient un peu mieux qu'escompté. Toutefois, la fiabilité d'ADP a été mise à l'épreuve au cours des derniers mois.

D'autres estiment aussi que bien des gens ont trouvé du travail temporaire lié à la dernière ligne droite des élections de mi-mandat.

C'est sans doute vrai, mais, comme le rappelle Derek Holt, vice-président chez Scotia Capitaux, «l'enquête mensuelle du Bureau of Labour Statistics se déroule au milieu du mois».

Les données publiées hier par le département du Travail montrent que 457 000 Américains s'étaient inscrits pour commencer à toucher des prestations, la semaine dernière, soit 20 000 de plus qu'au cours de la semaine précédente.

À la mi-octobre, précise-t-on aussi, 4,34 millions de chômeurs touchaient des prestations régulières de chômage. Il s'agit du chiffre le plus faible en près de deux ans, mais il doit être pris avec des pincettes. «Si cela reflète que des gens décrochent un emploi, cela montre aussi que d'autres ont épuisé leurs prestations ordinaires et touchent désormais des prestations d'urgence, versées par le gouvernement fédéral», souligne Jennifer Lee, vice-présidente et économiste principale chez BMO Marchés des capitaux. Elle souligne que le président de la Réserve fédérale, Ben S. Bernanke, s'inquiétait hier dans les colonnes du Washington Post qu'«une fraction substantielle des chômeurs sont sans travail depuis six mois ou plus», soit au moins 26 semaines.

À la fin du mois, ces mesures d'urgence viennent à échéance. Le nouveau Congrès disposera d'à peine l'équivalent d'une semaine de travaux pour décider de les prolonger de nouveau (et d'alourdir le déficit) ou d'y mettre fin, ce qui priverait de prestations quelque deux millions de chômeurs américains.

Ces demandeurs d'emploi bénéficient de mesures extraordinaires votées depuis la récession. On les appelle les «99ers» (Ninety-niners) parce qu'ils peuvent toucher des prestations jusqu'à 99 semaines, selon le taux de chômage de leur État. En temps normal, les prestations sont disponibles durant 26 semaines seulement, si le prestataire fait la preuve qu'il est à la recherche active d'un emploi.

Pour que le taux de chômage diminue aux États-Unis (il est au moins de 9,5% depuis 14 mois), il faudrait au moins 20 0000 nouveaux emplois durant plusieurs mois d'affilée. Depuis l'été, il s'en crée à peine 100 000.

À ce rythme, ce ne sera guère avant 2013 que l'emploi retrouvera son niveau d'avant récession.

Pour le taux de chômage, il faudra attendre bien plus longtemps encore.

D'abord, parce que, depuis 2008, des centaines de milliers d'Américains sont entrés dans la cohorte des 16 ans et plus où est mesurée la population active, celle qui détient ou cherche activement du travail.

Ensuite, parce que le taux de chômage actuel de 9,6% camoufle toute la proportion des gens qui se sont découragés de chercher ou qui sont sous-employés.

Si la classe politique et la conduite républicaine parvenaient à leur redonner l'espoir, alors ils gonfleraient la population active et vraisemblablement le nombre de chômeurs avant d'être embauchés. Le taux de chômage pourra donc encore grimper avant de fléchir lentement.