Les électeurs se pressaient mardi par une belle journée d'automne dans un bureau de vote de Harlem, bastion historique des Noirs à New York, prêts à défendre le parti démocrate du président Barack Obama menacé par une vague républicaine aux législatives de mi-mandat.

Si le candidat local démocrate Charlie Rangel semblait certain d'obtenir sa réélection à la Chambre des représentants, le sentiment général était plutôt à l'inquiétude.

«Je pense que les électeurs vont voter en masse, parce que l'enjeu est de taille», estime Chelsea Silverman, 45 ans, qui dirige une troupe de théâtre. «Je crois que les démocrates vont résister mieux qu'on ne l'a prédit», assure-t-elle.

Pour Morris Frasier, un agent immobilier de 41 ans, les bastions démocrates comme Harlem doivent se mobiliser pour défendre le président face à l'offensive du Tea Party, une nébuleuse ultra-conservatrice qui a acquis une forte influence au sein du parti républicain depuis l'arrivée de M. Obama à la Maison Blanche.

Même s'il ne s'agit pas d'une élection présidentielle, «beaucoup de gens ici à Harlem sentent que c'est le premier président noir du pays qui est mis en danger par le Tea Party», estime-t-il. «Le Tea Party est né en réaction à l'élection d'un président noir, c'est à travers eux que le racisme s'exprime».

À l'autre bout de Manhattan, à Wall Street, la Bourse de New York a ouvert en hausse, comme encouragée par la perspective d'une victoire républicaine.

«Le marché s'attend à ce que les républicains prennent le contrôle de la Chambre des représentants et qu'ils entament la majorité démocrate au Sénat. En d'autres termes, il s'attend à ce que cette élection produise un blocage à Washington», qui empêcherait l'adoption de certaines réformes que le monde de la finance rejette, résume Patrick O'Hare, du site d'analyse Briefing.com.

Dans les rues du quartier financier, les avis ne sont pas si tranchés. «J'ai voté démocrate la dernière fois et je revote démocrate aujourd'hui», dit Elisabeth Cohen, 43 ans, tandis que Timothy Smith, un financier de 52 ans, se dit «un peu déçu, mais pas suffisamment pour changer mon vote» (démocrate).

«Des membres de ma famille sont des militants du Tea Party, mais si vous voulez mon avis dans 3 ou 4 ans on s'en souviendra comme d'une blague», estime Dan Lustig, 43 ans, agent immobilier.

Les mêmes clivages se rencontrent dans d'autres régions du pays.

Au Café Versailles, dans le quartier cubain de Miami (sud-est), Tom Gutierrez, 41 ans, dit avoir voté pour Marco Rubio, candidat républicain au Sénat, d'origine hispanique comme lui. «Je suis sans emploi depuis un an, j'ai voté républicain parce que j'ai besoin de trouver du travail et ce n'est pas avec les démocrates que je vais y arriver», dit-il.

Dans le Missouri, Bob Couch explique qu'il a voté pour le candidat républicain au Sénat afin de contrer l'interventionnisme économique des démocrates: «Je pense qu'il est pour remettre l'Etat à sa place et payer moins d'impôts».