Le Fonds monétaire international a mis en garde mercredi contre les «risques élevés» pesant sur la reprise de l'économie américaine, pour laquelle il a abaissé considérablement ses prévisions de croissance.

Le FMI écrit dans ses nouvelles «Prévisions économiques mondiales» que le produit intérieur brut américain devrait progresser de 2,6% cette année, et de 2,3% seulement l'année suivante.

Des pays ou groupes de pays passés en revue par le FMI dans son rapport d'automne, les États-Unis sont ceux pour qui la révision à la baisse est la plus importante (-0,7 point pour 2010, et -0,6 pour 2011).

L'optimisme dont faisait encore preuve le Fonds au début de l'été pour la première économie mondiale a vécu.

Alors que le chômage atteignait 9,6% fin août, selon les derniers chiffres officiels disponibles, le Fonds estime que la croissance ne provoquera qu'une baisse de 0,1 point du taux de chômage en 2011 par rapport à 2010.

La reprise américaine entamée au début de l'été 2009 est déjà «en train de ralentir face à la dette croissante du pays, et au maintien des incertitudes», écrit le Fonds.

«La poursuite d'une reprise lente, avec une croissance bien plus faible que lors des reprises précédentes, eu égard à la force de la récession, est le scénario le plus probable», ajoute le rapport.

Néanmoins, estime le FMI, «les risques d'une détérioration des perspectives économiques du pays restent élevés».

Jusqu'à présent, la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance américaine, n'a pas été assez forte pour «entraîner une reprise solide et durable de l'emploi», note le Fonds, relevant également que «le niveau de l'activité de l'immobilier reste très faible».

Pour le FMI, la hausse de la consommation devrait rester poussive en 2011, du fait de la persistance d'un chômage élevé et de la volonté des ménages de se désendetter et d'épargner davantage.

Ses prévisions laissent entrevoir un cercle vicieux, où faiblesse de la consommation et maintien d'un chômage élevé s'alimentent mutuellement.

De plus, estime le Fonds, le marché du logement, à l'origine de la crise, reste un facteur important de risques.

«Le secteur immobilier pourrait bien rechuter et exposer au grand jour des poches de vulnérabilité dans le système bancaire», écrit-il.

Le pays n'est pas à l'abri non plus d'un «risque de déflation à terme».

Dans la mesure où la dette de l'État devrait monter à environ 110% du PIB d'ici à 2015 si rien n'est fait, écrit le FMI, le gouvernement américain devra trouver le juste équilibre entre une baisse du soutien de l'État à l'économie qui ne soit pas de nature à menacer la reprise et une amorce de lutte contre le déficit.

Pour l'instant, écrit-il, ce «juste milieu entre soutien à la reprise à court terme et crédibilité budgétaire à moyen terme» a été esquissé dans les grandes lignes définies par le gouvernement de Barack Obama pour 2011.

Parlant à Washington peu après la publication des prévisions du Fonds, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a défendu la décision prise par son gouvernement de soutenir encore l'économie et a appelé les partenaires des États-Unis au sein du Groupe des Vingt à faire de même.

«La plupart d'entre nous avons encore les moyens de prendre des mesures supplémentaires» de relance, a-t-il dit, jugeant «très exagérées» les craintes relatives au poids de l'endettement public, qu'il a qualifiées de conséquences «désastreuses» de la crise grecque.