Des sénateurs américains ont montré mercredi leur colère contre le régulateur des marchés financiers américain, la SEC, pour son incapacité à détecter à temps l'escroquerie pour laquelle est poursuivi le financier texan Allen Stanford.

«La SEC a échoué d'une manière spectaculaire», a estimé le vice-président de la commission bancaire du Sénat, Richard Shelby, lors d'une audition parlementaire consacrée aux manquements de l'autorité de régulation dans cette affaire.

Le sénateur David Vitter, qui a déclaré que de nombreuses victimes de cette escroquerie venaient de son État, la Louisiane, s'est insurgé contre «l'inaction de la SEC», selon lui, «scandaleuse».

La SEC a lancé en février 2009 des poursuites contre M. Stanford, qui avait offert pendant plus d'une décennie des rendements attirants aux investisseurs qui achetaient divers produits financiers, et en particulier des certificats de dépôt.

Une enquête du FBI a prouvé que ces rendements avaient été possibles grâce à une vaste escroquerie, une fraude pyramidale portant sur 8 milliards de dollars et similaire à celle de Bernard Madoff (60 milliards). M. Stanford, aujourd'hui écroué dans l'attente de son procès, clame son innocence.

L'inspecteur général chargé de surveiller la SEC, David Kotz, a relevé de nombreux manquements dans le fonctionnement de la SEC, notamment le refus du siège de Washington d'entendre les inquiétudes du bureau régional de Fort Worth (Texas) au sujet de M. Stanford, formulées dès la fin des années 90.

Le sénateur Jim Bunning a préconisé des poursuites judiciaires contre les responsables de cet échec. «À la SEC, pendant 13 ans, ils sont restés inertes, donc si vous n'obtenez pas que le département de la Justice se penche là-dessus, honte à vous M. l'inspecteur!», a-t-il lancé.

Aucune sanction n'a été prise à la SEC après cet échec.

Le président de la commission bancaire, Christopher Dodd, s'est ému de la coïncidence entre la publication le 16 avril du rapport accablant de M. Kotz sur l'enquête dans l'affaire Stanford, et le lancement le même jour de poursuites contre la banque d'affaires Goldman Sachs dans une affaire de fraude sur des produits dérivés.

Il a demandé à M. Kotz s'il ne trouvait pas «suspect» que cette plainte contre Goldman Sachs soit intervenue le jour même des révélations embarrassantes pour la SEC.

«Le calendrier est très suspect», a admis l'inspecteur.

Lors de cette audition, deux responsables de la SEC ont annoncé qu'ils préparaient de nouvelles poursuites contre des cadres de Stanford Financial Group qu'ils accuseront de complicité. Cinq autres personnes que M. Stanford sont déjà poursuivies dans cette affaire.

M. Stanford, inculpé pour blanchiment d'argent et obstruction à la justice en plus de l'escroquerie, risque un total de 375 ans de prison.