En annonçant de nouvelles mesures de relance, le président américain Barack Obama a pris le parti d'alourdir encore le déficit budgétaire en période de crise pour raviver la croissance.

Accusés par l'opposition d'irresponsabilité financière, la Maison-Blanche et le Trésor affirment au contraire que la première urgence est de stimuler une économie américaine qui tourne au ralenti et de réduire le chômage (remonté à 9,6% en août).

Le gouvernement fait valoir que seul le retour d'une croissance durable permettra à l'État de dégager les ressources nécessaires pour lutter contre les déficits.

M. Obama ne se pose pas la question de savoir s'il doit passer à une politique de rigueur. «Je continuerai à essayer de relancer la croissance et l'emploi aussi longtemps que je serai président des États-Unis», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse vendredi.

Il avait présenté mercredi trois nouveaux projets conformes à la théorie keynésienne selon laquelle les États peuvent s'endetter lourdement pour relancer l'économie par temps de crise, à condition de revenir à une situation budgétaire viable en période d'expansion.

Washington veut stimuler la demande par un plan de rénovation et de développement des infrastructures de transport d'un coût de 50 milliards pour six ans.

M. Obama a l'intention d'autoriser les entreprises à déduire entièrement de leurs impôts le coût de leurs investissements en 2011, ce qui présenterait un manque à gagner de 200 milliards de dollars sur deux ans pour l'État.

Enfin, il veut relancer un plan de déductions fiscales pour les entreprises qui investissent dans la recherche, à hauteur de 100 milliards de dollars sur 10 ans.

Le Fonds monétaire international (FMI) a jugé jeudi que ces nouvelles mesures «être conformes à l'engagement de consolidation budgétaire à moyen et long terme pris par les autorités» américaines.

La réalisation des projets de M. Obama est loin d'être acquise, puisque ceux-ci devront être approuvés par le Congrès, qui pourrait changer de majorité début novembre à l'issue des élections de mi-mandat.

Selon la Maison-Blanche, l'État fédéral devrait accuser un déficit de 1471 milliards de dollars, record absolu dans l'histoire américaine, pour l'exercice 2009-2010, qui s'achèvera le 30 septembre. Cela équivaudrait à 10% du PIB, soit sensiblement autant que l'année précédente.

La crise a considérablement réduit les recettes fiscales (du fait de la baisse des bénéfices des entreprises et de la montée du chômage) et multiplié les dépenses publiques (relance budgétaire, hausse des allocations chômage).

Washington compte sur le retour de la croissance pour ramener le déficit à 4,3% du PIB en 2012-2013.

Selon le gouvernement, les exonérations d'impôts liées aux investissements ne devraient coûter en fait que 30 milliards de dollars sur 10 ans, l'État reprenant d'une main ce qu'il donne de l'autre, puisque les entreprises qui en bénéficieront devront renoncer ultérieurement à d'autres déductions comptables.

En outre, le désengagement progressif des troupes américaines en Irak et en Afghanistan devrait théoriquement dégager des marges pour les autres programmes de relance, de même que le non-renouvellement des réductions d'impôts accordées par le gouvernement précédent aux 2% des ménages les plus riches.

Dans un entretien publié jeudi, l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard a paru donner raison aux projets de la Maison-Blanche. «Si la relance budgétaire aide à réduire le chômage», a-t-il dit, «elle pourrait en fait largement se rembourser d'elle-même, et n'entraîner qu'une petite hausse de la dette, par rapport à l'autre choix qui est de ne rien faire».