Les ménages américains, parfois accusés d'avoir trop jonglé avec leurs multiples cartes de crédit, guérissent tant bien que mal de leur dépendance maladive à l'emprunt pour consommer.

Ils sont nombreux à avoir promis de se réfréner, comme la plus célèbre des surendettés du moment, Teresa Giudice, héroïne de l'émission de téléréalité «Real Housewives of New Jersey», qui s'affiche en Une de la presse à scandale avec ses 11 millions de dollars de dette.

«Ses dépenses de 60 000$ en une journée pour des articles de maison, qui, selon la presse, ont été faites juste après qu'elle et Joe eurent été mis en faillite personnelle, ne lui ont pas gagné beaucoup de partisans», concédait l'hebdomadaire In Touch dans son numéro de début septembre.

La modération est aujourd'hui une consigne officielle. «Ne gardez que les cartes de crédit dont vous avez vraiment besoin» et «avec celles que vous gardez, pensez à éviter des soldes élevés», lisait-on en août parmi les «conseils de la semaine» de l'agence qui assure les dépôts aux États-Unis, la FDIC.

Les consommateurs américains ont généralement plusieurs cartes dans leur portefeuille. En plus des cartes à débit immédiat, la Réserve fédérale de Boston en recensait 3,5 par porteur en 2008.

Et ils s'en servent presque autant qu'aux beaux jours d'avant la crise.

Selon la société de recherche économique Synovate, les ménages munis d'au moins une carte de crédit ont dépensé avec elles 1559$ par mois au premier semestre 2010, soit 6% de plus qu'un an auparavant. Ils ne sont plus très loin des records atteints à l'été 2008.

Mais ils font plus attention à leur dette. D'après les chiffres de la Fed, l'encours des crédits renouvelables des ménages (essentiellement des emprunts par carte de crédit) a chuté de près de 15% en deux ans. Il atteint tout de même 827,8 milliards de dollars, soit quelque 15 000$ en moyenne pour les ménages qui ont une dette de ce type.

Aux États-Unis, l'utilisateur d'une carte de crédit peut choisir chaque mois la part du solde qu'il rembourse. S'il en règle la totalité, il ne paiera aucun intérêt, pouvant ainsi vivre constamment sur la paie du mois suivant.

S'il laisse un débit, il commence à payer des taux d'intérêt qui rebuteraient un consommateur européen. Au deuxième trimestre, ils se montaient à 14,69% annuels en moyenne, selon Synovate.

Inquiets pour leur avenir, les Américains tâchent de ne plus laisser courir ces agios.

«De plus en plus, les consommateurs évitent l'option "payer plus tard" de leur carte de crédit (...) Ils font part d'une défiance indéniable face à l'idée de faire des achats avec de l'argent qu'ils n'ont pas immédiatement», soulignait dans une étude publiée mercredi la société Javelin Strategy & Research.

D'après ses chiffres, la part des consommateurs utilisant tous les mois leurs cartes de crédit, qui était montée à 87% en 2007, est tombée en 2009 «à son plus bas historique», à 56%. Et elle pourrait descendre à 45% en 2010.

«Les détenteurs de nos cartes aujourd'hui empruntent moins et remboursent immédiatement une plus grande part de leurs dettes», confirmait en juillet le PDG d'American Express, Kenneth Chenault, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe.

Mais ces consommateurs-là auront dépensé 16% de plus qu'un an auparavant avec leurs quelque 50 millions de cartes AmEx. Ils ne sont donc pas à l'abri d'une baisse de leurs revenus d'un mois sur l'autre.

Car le système financier les y encourage. Pour déterminer le taux auxquel ils auront droit pour un de ces achats auquel l'épargne ne suffit pas (un logement, une voiture neuve), les prêteurs aux États-Unis se basent sur le «score de crédit» de l'emprunteur. Plus il emprunte, plus ce score augmente.