Les États-Unis doivent s'attaquer à leur colossal déficit budgétaire s'ils veulent préserver leur note AAA, la meilleure possible, a déclaré jeudi dans une interview John Chambers, chef du département de notation des dettes d'État à l'agence de notation Standard & Poor's.

«Il est très important pour le statut de la note des États-Unis que le Congrès prenne en compte très attentivement ce que la Commission fiscale va proposer», confie à Dow Jones Newswires M. Chambers.

Face à l'explosion du déficit budgétaire de l'État fédéral, le président Barack Obama a mis en place une commission bipartite (démocrates et républicains) sur la responsabilité fiscale, dont les conclusions sont attendues en décembre.

La réponse du Congrès américain aux propositions de cette commission déterminera la façon dont S&P va par la suite noter la qualité de la dette de la première puissance économique mondiale, avertit encore M. Chambers.

Les législateurs américains doivent prendre en compte «très attentivement» les recommandations de cette commission, prévient-il. Et d'ajouter qu'il sera «très important pour le Congrès de prendre les décisions nécessaires».

Cette mise en garde de S&P s'ajoute à celle de sa concurrente Moody's, mi-août, contre les États-Unis et contre trois principales économies européennes (la France, l'Angleterre et l'Allemagne), qui font également face à des difficultés budgétaires.

L'administration Obama a indiqué vouloir réduire de moitié le déficit budgétaire de l'État fédéral d'ici à 2013 et de stabiliser la dette fédérale à 70% du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2015.

La Commission sur la responsabilité fiscale devrait notamment donner la feuille de route pour atteindre ces objectifs.

Selon M. Chambers, le plus fort de la crise des dettes souveraines pourrait être derrière nous, mais les effets de la crise financière continueront à se faire sentir, avec notamment des risques de dégradation supplémentaires des notes de certaines économies développées.

Interrogé sur la Grande-Bretagne, dont l'agence a assorti la note AAA d'une perspective négative, M. Chambers dit souhaiter voir davantage d'efforts de réductions de dépenses dans le cadre du budget à venir en octobre.

Il a en revanche rejeté le scénario tant redouté d'une rechute, ou récession en double creux, de la première économie mondiale, préférant parler d'un ralentissement de la croissance.

«L'économie américaine a assez de résistance pour afficher une croissance de 2% cette année et l'année prochaine», balaie-t-il.