Les signes de ralentissement de l'économie américaine se multiplient et renvoient de plus en plus l'image d'une croissance atone, dont pourrait témoigner vendredi une révision en forte baisse des chiffres du PIB du printemps.

Si l'on en croit la prévision médiane des analystes, le département du Commerce devrait annoncer que la croissance économique des États-Unis n'a atteint que 1,4% au deuxième trimestre, et non 2,4% comme il l'avait dit fin juillet, ce qui était déjà inférieur au potentiel du pays.

Une majorité d'économistes juge peu probable une rechute de l'activité après la récession terrible de 2007-2009. Mais la succession des chiffres donne chaque jour un peu plus raison à la banque centrale, qui ne cesse de rappeler depuis bientôt un an que la reprise devrait être particulièrement lente et douloureuse.

La première économie mondiale apparaît prise au piège d'un cercle vicieux où chômage élevé, faible progression des salaires, crise du marché immobilier, conditions d'attribution du crédit restrictives, fragilité des banques et des PME, et faiblesse de la consommation et de la croissance s'alimentent mutuellement.

Les deux indicateurs de conjoncture économique publiés mercredi aux États-Unis ont encore inquiété les investisseurs, comme en a témoigné la baisse des Bourses européennes. Wall Street a passé l'essentiel de la séance dans le rouge, pour finir en légère hausse.

Selon le département du Commerce, les commandes de biens durables aux États-Unis ont très faiblement rebondi, de 0,3% en juillet, après deux mois de recul. Et cette hausse n'a été rendue possible que grâce aux commandes d'avions civils pour Boeing, très fluctuantes d'un mois sur l'autre. Hors transports, les commandes de biens durables ont chuté de 3,8%.

Pour Benjamin Reitzes, économiste de BMO Capital Markets, «il semble que les entreprises américaines, qui ont tiré la croissance au cours des 12 derniers mois, soient en train de reculer d'un pas».

«Ces entreprises sont déjà extrêmement rétives à augmenter la masse salariale», et le ralentissement de l'investissement lisible dans ces chiffres est annonciateur d'«une croissance bien plus faible au second semestre qu'au premier», ajoute-t-il.

L'autre indicateur publié par le Ministère a confirmé la persistance du marasme du marché de l'immobilier. Les ventes de maisons neuves ont chuté en juillet (-12%), à leur plus bas niveau depuis 1963 au moins.

La veille, l'Association nationale des agents immobiliers américains (NAR) avait annoncé que les ventes de logements anciens étaient tombées lors du même mois à leur plus bas niveau depuis 1995.

À l'origine de la crise financière et économique qui a éclaté aux États-Unis en 2007, le marché de l'immobilier passe pour être une des clefs de la reprise. Il reste extrêmement faible, malgré les efforts colossaux déployés par la banque centrale pour le stabiliser.

Alors que les autorités apparaissent à court de munitions pour relancer l'économie, ou incapables d'en faire davantage à cause de tiraillements (au sein de la Fed ou du Congrès), Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors, ne compte guère plus que sur le remède du «temps» pour «que les choses s'inversent».

En cette période critique, le président de la Fed, Ben Bernanke doit faire une «rentrée» très attendue vendredi à l'occasion d'un discours sur la conjoncture et l'action de la banque centrale, peu de temps après la publication des chiffres de la croissance.