Un nouvel indicateur publié jeudi a mis en évidence une fois de plus la faiblesse du marché de l'emploi aux Etats-Unis, mais le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, juge inutile d'engager son institution sur la voie d'un soutien accru à l'économie.

Le président de la Réserve Fédérale (Fed) avait fait allusion mercredi aux risques de déflation et de rechute de l'activité qui pèsent sur l'économie américaine, affirmant que la Fed était prête à prendre de nouvelles mesures pour empêcher qu'ils ne se réalisent.

Pour le deuxième jour de son audition semestrielle au Capitole consacrée au bilan de la politique monétaire, M. Bernanke a eu le souci de rassurer. Jugeant inutile que la Fed en fasse davantage pour l'instant, il a incité les élus à faire avancer les divers projets gouvernementaux de relance (aide aux PME, soutien aux emprunteurs) qui s'enlisent au Congrès.

«L'emploi est le problème le plus important auquel nous faisons face», a déclaré M. Bernanke, alors que le chômage atteint 9,5% et que de nouveaux chiffres officiels ont montré un fort rebond des nouvelles inscriptions au chômage.

«Cependant, une fois de plus, le scénario sur lequel nous nous fondons est le suivant: on continuera d'observer une croissance économique modérée une fois passés les effets de la crise financière européenne», a-t-il dit.

Deux autres indicateurs publiés jeudi sont venus abonder en son sens, s'avérant moins mauvais que ne le redoutaient les analystes.

L'indice composite des indicateurs économiques américains est reparti en baisse en juin, de 0,2% par rapport au mois précédent.

Le Conference Board, l'institut de conjoncture privé qui établit cet indice, juge que ce recul annonce «un ralentissement de la croissance jusqu'à la fin de l'automne».

Il a néanmoins insisté sur le fait que l'indice avait été plombé par les difficultés du secteur de la construction et la baisse de la Bourse, les autres composantes ayant connu une progression «généralisée».

L'autre indicateur, publié par l'Association nationale des agents immobiliers (NAR), a montré un recul des ventes de logements anciens en juin de 5,1% par rapport à mai.

La NAR a lié cette baisse à l'approche de la fin d'un dispositif fiscal ayant fortement contribué à stabiliser le marché et estime toujours que les ventes augmenteront sur l'ensemble de l'année par rapport à 2009.

Trois points noirs entravent la reprise de l'économie américaine entamée pendant l'été 2009: le niveau élevé du chômage (qui limite la marge de progression de la consommation, moteur traditionnel de la croissance), les difficultés du marché immobilier et de la construction de logements, et la situation adverse des PME, premières créatrices d'emplois du pays.

Plusieurs économistes, dont le prix Nobel Paul Krugman, ont appelé la Fed, qui dispose d'une capacité d'action gigantesque, comme elle l'a prouvé au plus fort de la crise, à stimuler davantage l'économie pour éviter le désastre d'une rechute doublée d'une déflation alors que l'activité reste faible et l'inflation très basse.

La Fed juge cependant que rien ne presse. Un autre de ses dirigeants, William Dudley, a estimé jeudi qu'il n'y avait «qu'un risque faible de rechute» de l'économie, quand bien même la croissance devrait être plus faible au second semestre qu'au premier.

Le PIB américain a crû de 2,7% en rythme annuel au premier trimestre. Le département du Commerce doit publier le 30 juillet sa première estimation de la croissance au deuxième trimestre.