Les analystes revoient à la hausse leurs estimations de profits pour les entreprises américaines dans la proportion la plus grande depuis au moins 2004 juste au moment où les actions subissent leurs pires pertes en 16 mois, le marché craignant que l'économie ne retombe en récession.

Les bénéfices des entreprises formant l'indice Standard&Poor's 500 bondiront de 34% en 2010, comparativement à un gain projeté de 27% le 29 mars dernier, selon plus de 8000 estimations compilées par Bloomberg. Cette révision, la plus grande durant quelque trimestre que ce soit en au moins six ans, survient tandis que les ventes de maisons, l'activité du secteur manufacturier et la croissance de l'emploi dans le secteur privé, toutes données inférieures aux prévisions, ont fait chuter l'indice Standard&Poor's 500 de 16% depuis le 23 avril dernier.

La croissance des revenus et la baisse des prix pourraient signifier que les actions sont suffisamment bon marché pour qu'elles s'apprécient, soutient Philip Orlando, de Federated Investors Inc., après que 2,48 mille milliards US se furent évaporés des marchés boursiers et que les obligations ont battu les actions par la plus forte marge depuis 2001. Par contre, Mohamed El-Erian et Bill Gross, de Pacific Investment Management Co., estiment pour leur part que les actions ne constituent pas une aubaine tandis que la reprise économique bat de l'aile. De son côté, Barton Biggs, de Traxis Partners, a vendu presque tous ses titres technologiques américains la semaine dernière.

«La psychologie du marché des actions ne pourrait être pire et, cependant, l'évaluation ne pourrait probablement pas être beaucoup mieux», avance M. Orlando, stratège en chef de la filiale du marché des actions de Federated Investors, qui gère 350 milliards US. «Parce que les estimations touchant les bénéfices des entreprises grimpent, dit-il, il y a un fort déséquilibre d'évaluation qui donne à penser que les actions vont commencer à s'apprécier plus tard cette année et que leur appréciation sera probablement marquée.»

L'amélioration des perspectives de profits n'a toutefois pas réussi à protéger les investisseurs au deuxième trimestre, tandis que le Standard&Poor's 500 a plongé de 12%, pire dégringolade depuis 2008. Les firmes de Wall Street ont revu à la hausse leurs estimations de 2010 pour U.S. Steel Corp., Wynn Resorts et Citigroup d'au moins 78% au cours de cette période et les actions de ces entreprises se sont dépréciées de 15% en moyenne, d'après des données compilées par Bloomberg. Chaque jour au dernier trimestre, cinq entreprises américaines ont revu leurs prévisions de profits à la hausse alors qu'autant d'entreprises, en moyenne, les revoyaient à la baisse, indiquent les données.

Jusqu'au 2 juillet dernier, l'indice Standard&Poor's 500 était en baisse 9 des 10 jours précédents, et il a perdu 5% la semaine dernière après que le Conférence Board américain eut révisé à la baisse ses prévisions de croissance en Chine. L'indice a reculé de 0,5% vendredi dernier après que le département américain du Travail a annoncé que les employeurs du secteur privé avaient ajouté 83 000 emplois en juin, soit 25% de moins que ce que les économistes avaient prédit.