Quand il a été élu gouverneur de la Californie, en 2003, Arnold Schwarzenegger a annoncé qu'il ferait le travail gratuitement.

«Nous pouvons dire que nous en avons eu pour notre argent», ironise Jerry Robert, chroniqueur de Santa Barbara.

La boutade a du vrai: les finances de la Californie sont en pire état aujourd'hui qu'elles ne l'étaient quand M. Schwarzenegger est arrivé au pouvoir, une situation qu'il attribue à la sévérité de la crise économique qui balaie les États-Unis.

À quelques mois de son départ, l'automne prochain, le gouverneur est sur la défensive quand il parle de son bilan économique.

«Si vous avez toujours des chicanes partisanes, le système devient dysfonctionnel et vous ne pouvez plus régler les problèmes qui surviennent, a dit M. Schwarzenegger en entrevue à la radio publique NPR la semaine dernière. Dans le climat actuel, vous êtes punis si vous essayez de trouver des compromis. C'est le coeur du problème.»

Malmenée par la crise économique, la Californie affiche un déficit de 19 milliards cette année. Les promesses de sabrer davantage les finances publiques semblent impossibles à tenir: les dépenses de l'État, chiffrées à 85 milliards, sont déjà à leur plus bas niveau depuis 1995. La population de l'État a augmenté de 7 millions de personnes depuis cette époque.

Dans un récent rapport, le bureau indépendant d'analyse fiscale de la Californie a noté: «La situation budgétaire en 2010 risque d'être la plus difficile depuis plusieurs années.»

Coupes en vue

Ces jours-ci, M. Schwar-zenegger tente de convaincre l'administration Obama de faire un don de près de 7 milliards à la Californie pour l'aider à boucler son budget. Jusqu'ici, sa demande est restée lettre morte. Il est facile de comprendre pourquoi: 45 États américains font face à un déficit budgétaire cette année.

Le gouverneur propose désormais de priver de 4,3 milliards le réseau de l'éducation, déjà atteint de sous-financement chronique. Il se heurte à l'opposition des syndicats d'enseignants.

Les années au pouvoir ont fait pâlir l'étoile du «Governator»: peu populaire auprès des conservateurs et des progressistes, Schwarzenegger ne jouit plus que d'un taux d'approbation de 23%. C'est l'appui dont disposait George W. Bush au moment de quitter la Maison-Blanche, en 2009.

«Je vais continuer à me battre pour la réforme, jusqu'à la ligne d'arrivée, a dit le gouverneur la semaine dernière. Nous devons changer le système, qui ne sert pas les gens correctement. Il faut passer à l'action.»

Quant à eux, les démocrates à Sacramento proposent d'emprunter des milliards sur le marché des obligations. Ils aimeraient aussi hausser le taux d'imposition des contribuables les plus nantis - taux qui sont aujourd'hui plus bas que durant l'ère Reagan -, mais toute mesure en ce sens est bloquée par les républicains.

Les démocrates, qui détiennent la majorité dans les deux Chambres à Sacramento, ont besoin des deux tiers des votes au Sénat et à l'Assemblée pour voter un budget, d'où l'impasse.

Seul signe d'encouragement: le début de l'année 2010 montre des signes de reprise pour l'État. Jusqu'ici, les dépenses de la Californie sont inférieures de 1,16 milliard à ce qui avait été prévu. Une bonne nouvelle pour un État vu comme étant un précurseur, tant pour les embellies que pour les crises.

EN CHIFFRES 

 

 

19,1 milliards US

Déficit budgétaire prévu en Californie pour l'année en cours.

Sources: Bloomberg, Bureau du Trésorier de l'État de la Californie

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