La réforme de Wall Street, ardemment soutenue par le président Barack Obama, a connu une avancée majeure mercredi au Sénat américain où les républicains ont accepté de lever leur opposition à l'ouverture des débats.

«Les Américains ont attendu assez longtemps pour que leurs dirigeants se mettent au travail pour nettoyer Wall Street», a dit le chef de la majorité démocrate Harry Reid mercredi en saluant la décision des républicains d'entamer enfin les débats sur l'ambitieux projet de loi destiné à empêcher une réédition de la catastrophe financière de 2008.

De son côté, Barack Obama, très impliqué dans le projet de réforme qui constitue désormais sa priorité législative, s'est dit «très satisfait» mercredi, depuis l'Illinois, de l'ouverture prochaine des débats.

Après de fastidieuses négociations entre les deux partis et quelques concessions accordées aux républicains, les élus se sont finalement épargnés un nouveau vote mercredi soir en décidant de procéder à l'ouverture des débats par «consentement unanime».

Cette avancée ouvre la voie à une adoption finale du texte au Sénat dans les prochaines semaines.

«Je pense que nous avons un meilleur point de départ que ce que nous avions», a estimé le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell.

Le projet de loi prévoit une refonte des outils de supervision des marchés financiers. Il met l'accent notamment sur le contrôle de l'immense marché des produits dérivés.

L'accord intervient alors que les républicains venaient de bloquer la réforme mercredi à la mi-journée pour la troisième journée consécutive, en refusant leur voix à une motion d'ouverture des débats au Sénat.

Les débats commenceront jeudi à la mi-journée et républicains et démocrates auront la possibilité de déposer nombre d'amendements, avant une éventuelle adoption du texte dans les semaines qui suivent.

Devant l'impasse, les sénateurs démocrates avaient menacé de tenir une séance exceptionnelle de nuit pour tenter de faire plier l'opposition. «Le temps passe et il ne nous reste pas beaucoup de semaines» pour faire adopter la réforme du système financier américain, avait dit le sénateur démocrate Benjamin Cardin à la presse.

Finalement, des discussions entre le président démocrate de la commission Bancaire du Sénat, Chris Dodd, et son partenaire républicain Richard Shelby ont abouti à plusieurs avancées, même si les républicains estiment qu'il reste des progrès à faire.

Les deux partis n'ont pu parvenir à un accord sur le sort des produits dérivés, ni celui d'une future agence de protection des consommateurs. M. Dodd et les démocrates affirment que les républicains veulent «affaiblir» l'outil de protection des consommateurs.

Les républicains ont obtenu des assurances de la part des démocrates sur le fait que des «changements seront apportés pour mettre fin au sauvetage (d'institutions financières) au frais des contribuables et à l'idée dangereuse selon laquelle certains institutions sont trop grosses pour faire faillite», a indiqué le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell, dans un communiqué publié peu avant l'annonce de l'accord.

Selon une source proche de la minorité, un fonds de 50 milliards de dollars «prépayé» par les banques pour faire face à d'éventuelles difficultés sera enlevé du projet de loi.

La Chambre des représentants a déjà adopté de réforme de la régulation financière en décembre. En cas d'adoption d'un texte au Sénat les deux versions devront être fusionnées avant d'être envoyées à la Maison-Blanche pour promulgation.