De Los Angeles, prenez l'autoroute 10 vers l'est, puis l'autoroute 15 vers le nord. Au bout d'une heure trente, vous verrez de nouveaux quartiers apparaître dans le désert.

Alignées à perte de vue, les maisons semblent identiques: des constructions brunes en stuc, avec un garage, une petite pelouse et une cour arrière entourée de blocs de ciment. Certains propriétaires tentent d'égayer leur maison en faisant pousser des plantes. Mais, règle générale, ces nouveaux quartiers projettent un air d'uniformité et d'ennui qui rappelle les allées d'une épicerie vide.

Il s'agit des exurbs, ces banlieues qui ne sont pas rattachées à une ville.

En Californie, le phénomène des exurbs est apparu durant les années 80, quand des promoteurs ont réalisé que les gens étaient prêts à aller vivre loin si le prix des maisons était attrayant. Le phénomène a pris de l'importance au début des années 2000, avec l'explosion du crédit facile et les bas prix de l'essence.

Ken Layne, résidant du désert californien, a vu la région vivre plusieurs cycles d'expansion et de contraction depuis 20 ans. La situation actuelle est sans précédent, dit-il.

«Les sommes d'argent qui ont été perdues sont simplement ahurissantes. Les gens ici ne sont pas diplômés et qualifiés comme sur la côte, et dans les grandes villes. Des prix de maisons de 300 000 ou 400 000$, ce n'était pas un phénomène durable.»

Plusieurs centres commerciaux neufs financés par Lehman Brothers sont abandonnés. «En ce sens, la région est aux premières loges de la désintégration des finances de Wall Street», dit M. Layne, qui travaille comme journaliste et blogueur pour le site satirique Wonkette.com.

Même les villes plus huppées, comme Palm Springs, font les frais de la crise. «La première chose que font les gens riches qui ont besoin d'argent est de vendre leur maison de vacances. À Palm Springs, il y a des rues entières qui sont à vendre. Des centres commerciaux à moitié construits sont abandonnés.»

Selon lui, cela va prendre des années avant qu'un semblant de reprise économique soit perceptible dans les villes champignons des déserts de l'Ouest américain.

«Peut-être que des projets de centrales à l'énergie solaire vont aider un peu l'économie. Mais globalement, je pense que la région va avoir besoin de plus de 10 ans pour s'en remettre, si elle s'en remet.»