La réussite de la stratégie du président américain Barack Obama pour doubler les exportations des États-Unis ne dépendra pas que des mesures volontaristes qu'il a annoncées jeudi, mais aussi de la vigueur de la reprise économique mondiale.

M. Obama, qui a lancé cette promesse lors de son discours sur l'état de l'Union en janvier, a détaillé jeudi les éléments de son plan pour doper les exportations du pays.

Il a promis une implication plus forte de l'État dans la promotion des exportateurs, des financements pour ces entreprises, un effort en faveur du libre échange et une simplification des procédures administratives.

Washington a beau revendiquer une place de «premier exportateur de biens et services dans le monde», l'économie américaine a perdu sa place de première exportatrice de biens dans les années 90. Elle est aujourd'hui rétrogradée à la troisième place, assez loin derrière la Chine et l'Allemagne, qui sont au coude à coude.

M. Obama a fait cette annonce le jour où étaient publiés les chiffres du commerce extérieur en janvier.

L'année a mal commencé, avec une légère baisse des exportations américaines (de 0,3% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières). Par rapport à janvier 2009, elles affichent un rebond de 14,2%. Mais celles de la Chine ont explosé de 45,7% sur un an en février.

Pour doubler les exportations américaines en cinq ans, il faudra maintenir ce rythme annuel de près de 15% de croissance. Cela impliquera de voir le rebond actuel de l'économie mondiale se poursuivre, ce dont doutent beaucoup.

Tant pour les importations que pour les exportations, «les taux récents de hausse ne sont pas tenables», estime Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.

D'après des prévisions du Fonds monétaire international en janvier, le volume du commerce mondial n'augmentera que d'environ 6% en 2010 et en 2011. L'Organisation mondiale du commerce craint que des mesures protectionnistes, sur fond de persistance du chômage, ne limitent la reprise des échanges.

La polémique entre Européens et Américains sur l'attribution du contrat des ravitailleurs de l'armée de l'Air américaine, auquel a renoncé lundi le consortium où était présent l'européen EADS, a constitué un exemple de ces tensions commerciales.

«Pour le moment, la viabilité d'une reprise économique plus générale, plus mondiale, est incertaine (...) De nombreux facteurs pourraient peser sur la poursuite de la croissance du commerce en 2010, y compris les politiques économiques et commerciale», expliquait l'OMC dans un rapport publié lundi.

M. Obama compte sur la compétitivité américaine pour atteindre ses objectifs ambitieux. Il voit les restrictions imposées par le reste du monde comme l'un des principaux obstacles, persuadé que les États-Unis ont «les travailleurs les plus productifs du monde» et «certaines des entreprises les plus innovantes du monde».

«Les États-Unis offrent parmi les barrières les plus faibles au commerce international», mais «l'Amérique n'a pas toujours fait valoir ses droits, ni fait en sorte que les bienfaits du commerce international soient largement partagés. Et nous n'en avons pas toujours fait assez pour aider nos travailleurs à s'adapter à un monde en évolution», a relevé le président.

Les États-Unis ont multiplié depuis l'été les accusations de protectionnisme, principalement contre la Chine, mais aussi d'autres partenaires commerciaux importants comme le Japon ou l'Indonésie.

M. Obama, qui part la semaine prochaine pour l'Indonésie, a de nouveau appelé jeudi Pékin à rééquilibrer le taux de change du yuan, dont les États-Unis jugent le cours artificiellement bas.