La Cour suprême des États-Unis a semblé hésiter lundi à offrir à l'ancien PDG d'Enron Jeffrey Skilling, condamné en 2006 à 24 ans de prison, un nouveau procès au motif que le premier s'est tenu dans une «vague de passion publique».

Les neuf sages étaient saisis sur la question de l'impartialité d'un jury constitué à Houston, là même où avait eu lieu le scandale financier qui avait mis des milliers de personnes au chômage et fait perdre leur épargne-retraite à des milliers d'autres.

Les avocats de M. Skilling estiment notamment que la faillite d'Enron a eu sur la ville un «effet sismique souvent comparé aux attentats du 11 septembre par ses habitants».

La plus haute juridiction des États-Unis, qui rendra sa décision d'ici l'été, devait aussi dire si M. Skilling pouvait être condamné pour manquement à ses «obligations morales» envers l'entreprise qu'il dirigeait, ses employés et ses actionnaires, en vertu d'une loi anti-fraude datant de 1988 et dont les détracteurs fustigent le caractère «vague».

Mais les juges n'ont pas eu l'air lundi de s'intéresser beaucoup à cette partie du problème, consacrant davantage leurs interrogations aux seules cinq heures prises par le juge pour organiser la sélection du jury lors du procès.

«Y a-t-il des précédents où des affaires de cette importance ont donné lieu à une sélection du jury de cinq heures?», a interrogé Sonia Sotomayor, nommée par Barack Obama.

«C'est une première qu'un des jurés ait été lui-même victime du préjudice», a renchéri Stephen Breyer, situé du côté progressiste de la Cour, tout en se disant soucieux de ne pas handicaper les juges «en changeant les pratiques habituelles» dans la sélection des jurys. «Les juges doivent pouvoir faire avancer leurs procès», a-t-il insisté.

Sur la question des «obligations morales», les juges ont déjà entendu deux affaires distinctes en décembre. Ils avaient alors laissé entendre qu'ils rendraient une seule décision dans les trois affaires.

Lors d'une de ces audiences impliquant l'ex-magnat de la presse Conrad Black, ils étaient apparus plutôt enclins à donner raison aux chefs d'entreprise en rejetant la clause, faute d'une délimitation assez précise des «obligations morales».