Le nouveau système informatique d'Hydro-Québec a coûté 500 millions de dollars, presque deux fois plus cher que prévu, mais il est incapable de calculer les frais sur les factures en retard à taux composé comme le faisait l'ancien, ce qui réduit les revenus de la société d'État.

C'est ce qu'on a appris hier en Cour supérieure, qui examine une requête en recours collectif soumise par un groupe d'abonnés d'Hydro-Québec. Ces abonnés se plaignent que, sur la nouvelle version de la facture d'électricité, introduite en janvier 2008, le taux annualisé appliqué sur les factures en retard n'apparaît plus.

Si le taux annualisé n'apparaît plus, c'est que le taux de retard est désormais calculé à taux simple, selon la société d'État. Et si le taux de retard est calculé à taux simple, c'est que le système informatique ne peut pas calculer les frais d'administration de façon composée mensuellement, comme le faisait l'ancien système.

Cette incapacité est peut-être à l'avantage des clients, reconnaît l'avocat des plaignants, Guy Paquette. «Mais c'est inquiétant de savoir qu'une entreprise qui fait 12 milliards de revenus et 3 milliards de profits ne peut pas calculer des taux composés», a-t-il dit devant le juge.

Hydro-Québec facture des frais de 1,2% par mois à ses clients qui paient leur compte en retard. À taux composé mensuellement, comme c'était le cas jusqu'au changement de système informatique, le taux annualisé était de 15,38%. À taux simple, le taux annualisé est 14,4%. Les revenus provenant de factures en retard ont totalisé 40 millions en 2007.

Tout indique qu'Hydro-Québec devra oublier les taux composés pour de bon. En prévenant la Régie de l'énergie du changement dans sa façon de calculer les frais de retard, la société d'État a expliqué qu'elle n'avait pas l'intention de revenir au taux composé, parce que ça coûterait trop cher.

Le taux simple a l'avantage «d'éviter des coûts importants de modification du système informatique afin de permettre la facturation des frais d'administration composés mensuellement», a précisé Hydro.

Le système SIC (pour Système d'information clientèle) continuera donc de hanter Hydro-Québec. La modernisation du système informatique entamée en 2002 a finalement été achevée en 2008 avec plusieurs mois de retard et une facture qui est passée de 270 millions à près de 500 millions.

L'implantation du système a causé plusieurs ratés, dont une sous-évaluation de la consommation de 120 000 clients facturés au mode de versements égaux. Ces clients ont vu leurs mensualités grimper soudainement lorsqu'Hydro s'est rendu compte de son erreur. Le SIC a aussi provoqué des embouteillages importants dans le service téléphonique de la société d'État.

La requête en recours collectif déposée hier ne vise pas le système informatique d'Hydro-Québec. Elle veut forcer la société d'État à indiquer le taux annualisé appliqué aux frais de retard, comme l'exige la Loi sur l'intérêt.

Hydro soutient que la Loi sur l'intérêt ne s'applique pas, parce que les frais de retard ne sont pas des frais d'intérêt mais bien des frais d'administration qui représentent le coût de récupération des sommes qui lui sont dues.