Ben Bernanke a été reconduit jeudi à la tête de la banque centrale américaine (Fed) pour un deuxième mandat de quatre ans, avec le soutien d'une partie de l'opposition républicaine, après quelques jours d'incertitude et de tensions sur les marchés financiers.

Les sénateurs ont finalement approuvé la reconduction de M. Bernanke, 56 ans, à la tête de la banque centrale par 70 voix contre 30.

«Je me félicite du vote (...) du Sénat pour confirmer la nomination de Ben Bernanke à un autre mandat à la tête de la réserve fédérale», a écrit jeudi soir le président Barack Obama dans un communiqué ajoutant que celui-ci avait fait preuve de «sagesse et de fermeté au milieu de la crise économique et financière».

L'actuel mandat de M. Bernanke, nommé par le président George W. Bush, expire le 31 janvier.

M. Bernanke a bénéficié jeudi des voix d'une partie de l'opposition républicaine (22 sénateurs sur 40).

En revanche, 11 démocrates ont refusé de cautionner le choix du président Barack Obama, annoncé le 25 août, de reconduire M. Bernanke.

Parmi ces derniers, Russ Feingold, Barbara Boxer, Jeff Merkley, reprochent à M. Bernanke d'être trop étroitement lié à Wall Street et d'avoir conduit une politique monétaire qui a contribué à la plus grave crise économique depuis celle des années 1930.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders qui a mené l'opposition à M. Bernanke a répété jeudi que le président de la Fed s'était «endormi aux commandes». M. Sanders a réagi au vote de jeudi en affirmant que les 30 «non» constituent un record en terme d'opposition à un président de la Fed au Sénat.

Par comparaison, Paul Volcker avait été confirmé par le Sénat en 1983 par 84 voix contre 16.

«L'opposition historique à Bernanke devrait aussi persuader la Fed de prendre au sérieux sa responsabilité de promouvoir le plein emploi», a estimé le sénateur Sanders.

Le désaccord au sein de la majorité s'explique en partie par le fait que les démocrates du Sénat, qui ont perdu une élection partielle sénatoriale qui va les dépouiller de leur «supermajorité» antiblocage de 60 sièges, se sentent menacés à l'approche des élections parlementaires de mi-mandat qui doivent avoir lieu en novembre 2010.

L'influent président de la commission Bancaire du Sénat, Chris Dodd qui ne se représente pas aux élections de novembre, a pour sa part défendu la reconduction de M. Bernanke. «Au cours de l'année dernière, la présidence de Ben Bernanke a largement contribué à éviter une catastrophe dans ce pays qui aurait pu prendre des proportions telles que celles de la crise des années 1930», a-t-il dit.

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est réjoui jeudi de la reconduction de M. Bernanke. «Le Sénat a agi comme il convenait d'agir. Le président Bernanke va continuer de jouer un rôle d'une importance vitale en guidant l'économie du pays», a indiqué M. Geithner dans un communiqué.

La Maison-Blanche avait de nouveau affirmé son soutien lundi pour le président de la Fed, expliquant que son maintien était important pour démontrer la stabilité du système financier américain.

La Fed est en principe un organisme indépendant du pouvoir exécutif.

Mais l'ampleur de la crise financière et économique a conduit le gouvernement et la Fed à travailler main dans la main, au point que certains dirigeants de la banque centrale s'en sont émus à plusieurs reprises.

Plusieurs parlementaires se sont inquiétés récemment du flou causé par la crise sur ce point mais d'autres, assez nombreux, cherchent au contraire à imposer à la Fed un contrôle accru.

Avec le pilotage de la sortie de crise, la défense de l'indépendance de la Fed s'annonce comme un des principaux défis de M. Bernanke à l'aube de son nouveau mandat.