Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, que le Congrès s'apprête à entendre une nouvelle fois sur le sauvetage controversé de l'assureur AIG, est la cible de critiques croissantes alimentées par la colère populaire contre les banques.

M. Geithner doit être entendu mercredi par une commission de la chambre des Représentants sur «l'effondrement et le sauvetage par l'Etat d'AIG, en particulier la compensation de ses partenaires en affaires».

Cette affaire, M. Geithner la traîne comme un boulet depuis ses débuts au Trésor.

En septembre 2008, alors qu'il était président de la Réserve fédérale de New York, il avait été l'un des principaux acteurs de cette opération de secours menée en urgence, et a maintenu depuis qu'il n'y avait «pas d'autre choix» que ceux faits à l'époque.

Mais des parlementaires l'accusent avec d'autres de ne pas avoir défendu convenablement les intérêts du contribuable.

Alors que sa position était désespérée, AIG a payé la totalité des sommes qu'il devait à des banques comme la française Société Générale, la britannique Barclays ou l'allemande Deutsche Bank, mais il doit doit encore 60 milliards de dollars à l'Etat américain.

Ce qui fut le grand atout de cet ancien président de la Réserve fédérale de New York (de 2003 à 2009), sa parfaite connaissance d'un monde de la finance alliée à un parcours de fonctionnaire, s'est progressivement mué en tare.

«Geithner doit partir», titrait lundi un éditorial de The Nation, un hebdomadaire de gauche qui a qualifié M. Geithner de «secrétaire au Trésor exagérément sûr de soi, connu comme le caniche de Wall Street».

A chacune de ses venues sur le Capitole, les parlementaires s'en donnent à coeur-joie. L'opposition républicaine a plusieurs fois réclamé sa tête.

M. Geithner était déjà très mal parti, ayant été contraint de s'excuser devant le Sénat au moment de sa confirmation, pour avoir omis de régler une partie de ses impôts entre 2001 et 2004.

Mais il a ensuite dû défendre des choix impopulaires, comme ceux de renoncer à brider les rémunérations dans la finance, prolonger le plan de 700 milliards de dollars pour la stabilisation du système financier, ou encore d'accroître les pouvoirs de régulation financière de la banque centrale (Fed).

La presse commentait ce week-end comme un coup dur le revirement de la Maison Blanche sur la régulation bancaire, le président Barack Obama souhaitant désormais limiter la taille des banques, alors qu'il n'en était pas question dans le projet de loi déposé devant le Congrès pendant l'été.

Au moment où M. Obama faisait cette annonce jeudi depuis la Maison Blanche, entouré de son équipe économique, «M. Geithner était placé à distance, forcé de s'adapter à une attitude qu'il a considérée autrefois comme moins efficace que la sienne», écrivait vendredi le Washington Post.

M. Geithner a régulièrement répété depuis qu'il est en poste que, pour créer des emplois, l'économie américaine devrait d'abord voir repartir le crédit, bien mal en point. Et il n'a jamais eu les mots très durs pour les banques qu'a parfois lancés M. Obama.

Le 14 janvier, il a cependant concédé qu'il était «inexpliquable», avec un chômage au plus haut depuis les années 1980, que les rois de la finance soient plus grassement payés que jamais. «C'est très dur à comprendre pour les gens», entre autres «les millions d'Américains dépendant de bons d'alimentation», déclarait-il à la chaîne financière CNBC.