Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi un projet de taxation d'une cinquantaine de grandes banques destiné à permettre de récupérer les fonds publics dépensés dans le cadre du plan de stabilisation du système financier.

«Je suis déterminé a récupérer chaque cent dû au peuple américain, et ma détermination ne peut être que renforcée lorsque je vois des informations sur les profits énormes et les bonus obscènes dans les sociétés mêmes qui doivent leur survie au peuple américain», lequel continue de souffrir de la récession, a déclaré M. Obama.

La cotisation envisagée est intitulée sans ambiguïté «taxe sur la responsabilité de la crise financière», montrant que le gouvernement estime que les pratiques risquées des banques ont joué un rôle déterminant dans la tourmente qui a failli emporter le système financier du pays et continue de se faire sentir durement pour l'emploi.

Censé s'appliquer pendant dix ans ou aussi longtemps que nécessaire pour un remboursement intégral de l'argent public engagé, cet impôt doit permettre à l'État de récupérer jusqu'à 117 milliards de dollars, somme qui correspond au montant maximal des pertes envisagées par le Trésor sur le plan de sauvetage du système financier.

Le Trésor prévoit pourtant que, pour l'essentiel, ces pertes ne seront pas liées à l'aide accordée aux banques.

La taxe devrait figurer en février dans le projet de budget fédéral pour l'exercice 2010-2011 qui commencera en octobre, et devra obtenir l'aval du Congrès, ce qui n'a rien d'acquis.

Les banques ont déjà indiqué qu'elles feraient tout pour s'y opposer, laissant présager des batailles de couloir au Capitole.

Cette taxe est une «tentative prématurée de récupérer» l'argent des contribuables, alors que la loi prévoit que «le secteur financier dispose d'encore quatre ans» pour le faire, écrit dans un communiqué le Financial Services Roundtable, syndicat patronal de la finance.

La taxe envisagée ne concernerait que les entreprises financières dont l'actif est supérieur à 50 milliards de dollars d'avoirs, soit une cinquantaine d'entreprises, essentiellement américaines, mais aussi des filiales de banques étrangères. Elle s'appliquerait sur les dettes des sociétés financières en question.

Le plan de sauvetage du secteur financier américain a été permis en octobre 2008 par le Congrès, qui a alloué pour cela 700 milliards de dollars au Trésor. Cette somme est disponible jusqu'au mois d'octobre. Sauf imprévu majeur, le Trésor ne compte pas la dépenser dans son intégralité.

L'annonce de M. Obama revêt un caractère politique de nature à calmer l'opinion publique à la veille de la publication des résultats de JPMorgan, première des grandes banques américaines à révéler ses chiffres pour 2009 et le montant des primes annuelles attribuées à ses employés.

Selon le New York Times, les banques «se préparent à verser des bonus qui rivaliseront avec ceux des années fastes d'avant la crise», au risque de s'aliéner une population aux prises avec ses retombées.

Selon un sondage de l'université Quinnipiac publié mercredi, 54% des Américains interrogés disent être mécontents de la façon dont M. Obama s'occupe de l'économie, contre 41% de satisfaits, alors que le chômage atteint 10% et devrait monter pendant plusieurs mois encore.