Les ventes de détail aux États-Unis ont progressé pendant l'automne malgré une baisse en décembre, laissant penser que la consommation a continué de porter fortement la croissance américaine au quatrième trimestre.

Les ventes des détaillants et des restaurants ont reculé de 0,3% par rapport à novembre, a indiqué jeudi le département du Commerce, alors que les analystes les attendaient en hausse de 0,5%, selon leur consensus médian.

Mais sur l'ensemble du dernier trimestre, ces ventes ont augmenté de 1,7% par rapport au trimestre précédent, ce qui présage une contribution positive de la consommation des ménages à la croissance du produit intérieur brut, dont le Ministère doit publier une première estimation le 29 janvier.

«Les ventes de détail ont baissé à la fin de l'année, mais c'est essentiellement un mirage», estime Brian Bethune, économiste de l'institut IHS Global Insight, pour qui le quatrième trimestre a été «très bon».

Les ventes de décembre pourraient avoir souffert du mauvais temps, et notamment de l'impressionnante tempête de neige qui a balayé le nord-est du pays lors du week-end précédant Noël, crucial pour les commerçants.

Les ventes de détail donnent un premier aperçu des dépenses de consommation des ménages, primordiales pour la croissance économique des États-Unis.

Pour M. Bethune, les chiffres publiés jeudi permettent de déduire que la consommation a dû augmenter d'environ 2% pendant l'automne et que le PIB a progressé de «près de 5%» en rythme annuel dans le même temps, après les 2,2% de croissance relevés au troisième trimestre, qui a vu l'économie américaine sortir de la récession.

S'il faut encore attendre les chiffres de la consommation qui seront publiés fin janvier pour avoir une vue plus complète, «la saison des Fêtes a l'air meilleure que le chiffre de décembre ne le laisse penser», estime Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE.

En plus de la consommation, le PIB américain devrait avoir profité d'une augmentation des stocks des entreprises. Selon le ministère du Commerce, en effet, ceux-ci ont augmenté de 0,4% sur un mois en octobre et en novembre. Leur hausse étant susceptible de s'être accélérée en décembre, les variations de stocks devraient s'ajouter à la progression de la consommation pour soutenir la croissance.

Néanmoins, estime l'économiste indépendant Joel Naroff, la baisse des ventes de détail de décembre vient rappeler que la consommation reste fragile et que la reprise risque d'être «poussive» en 2010 du fait de la persistance d'un chômage élevé, selon le scénario le plus couramment retenu.

En 2009, les ventes de détail ont chuté de 6,2%, du jamais vu depuis la publication de cette statistique sous sa forme actuelle en 1992, et probablement bien au-delà. La reprise commence de très bas.

Dans son rapport de conjoncture publié mercredi, la banque centrale américaine (Fed) écrit que les dépenses de consommation des ménages pendant la saison des Fêtes ont été certes meilleures qu'en 2008, mais encore très inférieures à 2007.

La Fed répète régulièrement qu'il est encore beaucoup trop tôt pour mettre fin à ses nombreuses mesures de soutien à l'économie. Un de ses principaux dirigeants, William Dudley, de la Fed de New York, a déclaré mercredi qu'il ne fallait pas attendre avant au moins six mois un relèvement du taux directeur, quasi nul depuis plus d'un an.