Le froid polaire qui s'est abattu sur la Floride a provoqué une flambée des cours du jus d'orange sur les marchés financiers, qui craignent une chute de la production d'agrumes, déjà médiocre cette année.

Le «Sunshine State», qui jouit d'habitude d'un climat subtropical et où la production d'agrumes (citrons, oranges, pamplemousses) génère plus de 9 milliards de dollars par an, a connu des températures négatives plusieurs fois cette semaine.

Réaction immédiate à New York, où le jus d'orange concentré congelé s'échange comme le pétrole ou les autres matières agricoles: le contrat pour livraison en mars, le plus échangé, a dépassé vendredi les 1,50$ la livre, du jamais vu depuis janvier 2008.

Cela représente un bond d'environ 15% des prix par rapport à leurs niveaux de la fin de semaine dernière sur la plateforme InterContinentalExchange, et porte leur envolée depuis octobre à environ 50%.

Pour Rich Feltes, qui suit les marchés agricoles pour la maison de courtage MF Global, environ 15% des cultures de l'État se sont trouvées exposées à des températures négatives.

«Cela a pris beaucoup d'observateurs par surprise», souligne l'analyste. «Ce sont des gelées meurtrières, et je pense que l'inquiétude, c'est qu'il pourrait y avoir une nouvelle vague de froid à venir», ajoute-t-il, reconnaissant cependant qu'il «faudra du temps pour évaluer les dégâts».

Dans son exploitation de De Leon Springs, dans le nord de la Floride, Steve Crump, qui vend des agrumes pour les jus de fruits Tropicana ou Minute Maid, a vu les températures approcher -5 degrés. De la glace s'est formée sur 10% de ses fruits.

«Certains fruits qui ont subi des dégâts pourraient tomber des arbres, mais les arbres semblent en bon état», tempère l'agriculteur, joint par téléphone par l'AFP. «C'est notre principale inquiétude. Tant que nos arbres gardent leurs branches, ça va aller, ce qui nous fait vraiment peur, c'est que les arbres meurent».

Comme le souligne Rich Feltes, les surfaces cultivées en agrumes «sont immenses, et il est très délicat de les protéger complètement du froid, les mesures de protection possibles sont donc limitées».

«Pour l'instant, aucun dégât important n'a été subi», indique à l'AFP Liz Compton, porte-parole du département de l'Agriculture de Floride.

«La température est tombée bas, mais dans la plupart des endroits, elle n'est pas restée sous -2 degrés pendant plus de quatre heures», la durée qui provoque des dégâts, précise-t-elle.

Mais «notre première inquiétude», ajoute-t-elle, «c'est le front froid prévu pour ce week-end qui pourrait changer les choses».

La société météorologique AccuWeather prévoit «une nouvelle vague de températures glaciales» en Floride pendant la fin de semaine, encore plus froides que celles déjà observées, avant un redoux lundi.

Pour limiter les dégâts, les autorités locales ont levé des restrictions sur le transport routier pour permettre l'accélération de la récolte en cours. L'inquiétude est d'autant plus vive que les producteurs d'agrumes ont connu une année difficile, marquée notamment par des conditions particulièrement sèches.

En décembre, avant même l'arrivée de la vague de froid, le département américain de l'Agriculture prévoyait une production d'oranges d'environ 6 millions de tonnes en Floride pour la saison 2009/10, soit une chute de 17% par rapport à l'an dernier. L'État compte pour les trois quarts de la production américaine.