Les États-Unis doivent revenir à une séparation entre banques d'affaires et banques de dépôt, a estimé jeudi Thomas Hoenig, un des dirigeants de la banque centrale américaine (Fed).

«Il faut que nous limitions les activités spéculatives auxquelles peuvent se livrer les banques de dépôt qui ont accès à l'épargne, de même que l'accès des banques d'investissement à cette épargne», a déclaré M. Hoenig, président de l'antenne de la Fed à Kansas City, lors d'un discours dans cette ville du centre des États-Unis.

«À l'échelle mondiale, les établissements bancaires seront plus compétitifs, pas moins, s'ils exercent leur activité avec un mandat et des objectifs clairs et une obligation de rendre des comptes sans équivoque», a-t-il ajouté.

M. Hoenig plaidait ainsi directement pour un retour au Glass-Steagall Act, la loi bancaire de 1933 qui avait établi une séparation stricte entre banques de dépôt et banques d'affaires après les milliers de faillites bancaires provoquées par le krach boursier de 1929.

Cette frontière a sauté en 1999 sous le président Bill Clinton, avec la loi dite de modernisation des services financiers, texte sur mesure voté pour permettre la naissance de Citigroup, l'une des entreprises les plus touchées par la crise financière apparue en 2007 et dont le sauvetage a nécessité plus de 45 milliards de dollars de fonds publics.

Simon Johnson, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) et aujourd'hui professeur au MIT, à Boston, a estimé jeudi sur la chaîne CNBC que les grandes banques américaines renouaient avec les excès ayant conduit à la crise financière de 2007 en se remettant à spéculer sur les marchés.

Selon l'agence Dow Jones Newswires, M. Hoenig s'est montré très virulent contre les grandes banques mercredi en déclarant lors d'un séminaire : «Il serait bon de commencer à envisager de les casser, de les démembrer.»

Comme les 11 autres présidents des annexes régionales de la Fed, M. Hoenig siège au Comité de politique monétaire de la banque centrale (FOMC). En vertu du système de rotation en vigueur, il participe cette année au vote des décisions du Comité.