Les autorités américaines se sont vues forcées de relever les rémunérations de nombre de patrons d'entreprises renflouées à coup de milliards par l'État, par crainte de faire fuir les dirigeants les plus compétents.

Ces dirigeants toucheront potentiellement des millions de dollars en 2009 et des salaires en numéraires atteignant parfois le double du plafond de 500 000 dollars initialement fixé par le Trésor.

Le FHFA, organisme de tutelle des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, a ainsi indiqué jeudi que les cinq plus hauts dirigeants de ces groupes allaient toucher en 2009 des salaires qui, en incluant les primes de rendement, pourraient atteindre six millions de dollars.

La FHFA explique que ces augmentations ont été décidés pour «attirer et conserver des employés talentueux».

Mercredi, le département du Trésor avait annoncé pour les mêmes raisons avoir relevé le plafond de rémunérations du directeur financier du constructeur automobile General Motors, Christopher Liddell, du directeur général de Chrysler Sergio Marchionne et du directeur général de la société de services financiers GMAC, Michael Carpenter.

M. Liddell, débauché lundi chez le fabricant de logiciels Microsoft, touchera jusqu'à 6,2 millions de dollars, dont 5,45 millions de dollars en actions bloqués jusqu'en 2011.

Sergio Marchionne, également patron de Fiat, sera rémunéré 600 000 dollars pour son rôle de numéro deux du conseil d'administration de Chrysler en 2009.

M. Carpenter touchera lui un salaire de 950 000 dollars et jusqu'à 8,55 millions de dollars en actions.

Fin octobre, le Trésor américain avait décidé de plafonner les 25 plus forts salaires au sein des sept entreprises qui ont reçu «une aide exceptionnelle» au titre du plan de sauvetage du système financier lancé en octobre 2008. Mais ce plan prévoyait d'éventuelles exceptions.

La FHFA affirme que les rémunérations accordées aux dirigeants de Freddie Mac et Fannie Mae représentent «une baisse de 40% par rapport à leur niveau d'avant la mise sous tutelle par le gouvernement» et quelles suivent la structure approuvée par Kenneth Feinberg, qui supervise ces questions au Trésor.

Ainsi, les primes de rendement, qui représentent la majeure partie de ces rémunérations, ne seront-elles versées que si certains objectifs sont atteints, et seulement si le dirigeant ne quitte pas l'entreprise. Une partie des primes sera versée en différé.

Les salaires des dirigeants des entreprises américaines renflouées par l'État sont dans le collimateur du gouvernement à l'heure où le chômage atteint 10%, mais ces limites font grincer les dents des dirigants, qui les jugent bien trop faibles par rapport aux pratiques des autres enteprises du secteur privé.

D'après la presse américaine, ces plafonds ont largement compliqué la recherche d'un nouveau patron pour Bank of America, qui s'est finalement résolue à recruter son directeur général en interne, et celle du directeur financier de GM, qui doit encore trouver un nouveau directeur général après le départ de Fritz Henderson.

Le Wall Street Journal a notamment écrit que Bob Benmosche, directeur général de l'assureur AIG nationalisé en septembre 2008 pour éviter la faillite, avait menacé de démissionner après avoir eu vent des limites de salaires voulues par le Trésor.

M. Benmosche a concédé être «profondément mécontent» de ces mesures.

L'assureur, qui a reçu environ 180 milliards de dollars de fonds publics pour se maintenir à flot, a annoncé par la suite que M. Benmosche recevrait un salaire annuel de 3 millions de dollars, plus 4 millions en actions qu'il ne pourra pas vendre avant cinq ans.