La banque centrale américaine (Fed) s'est montrée mardi légèrement plus optimiste pour l'économie des États-Unis en 2010, mais estime toujours que son rétablissement sera lent, comme est venu en témoigner la révision en baisse de la croissance des trois mois d'été.

La croissance du PIB américain devrait atteindre 2,5 à 3,5% en glissement annuel au quatrième trimestre de 2010, selon la fourchette centrale des dernières prévisions des dirigeants de la Fed publiée dans les minutes de leur réunion des 3 et 4 novembre.

C'est légèrement mieux que ce que les dirigeants de la banque centrale prévoyaient en juin (une hausse du PIB comprise entre 2,1 et 3,3%), mais ceux-ci restent d'avis que la reprise apparue à l'été sera «progressive» et qu'elle se fera à un rythme «modéré» par comparaison avec les sorties de crise des récessions fortes du passé.

Les minutes de la Fed laissent entendre par ailleurs que le taux de chômage, qui atteignait 10,2% fin octobre, pourrait commencer à baisser dès le mois de janvier, alors que les dirigeants de la banque centrale pensaient jusque-là que le pic du chômage serait atteint vers le milieu de l'année.

Les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) estiment cependant que la baisse devrait être très lente et prévoient que le taux de chômage restera élevé pendant un «certain temps» : il pourrait atteindre encore 9,7% fin 2010, 8,6% fin 2011 et 7,5% fin 2012.

Les minutes ajoutent que la plupart des dirigeants du FOMC estiment qu'il faudra «cinq ou six ans», voire plus selon certains, pour que l'économie récupère complètement de la récession de 2007-2009, la plus longue endurée par les États-Unis depuis la crise des années 1930.

La nouvelle estimation officielle du PIB pour le troisième trimestre, publiée mardi par le département du Commerce, confirme que cette récession a pris fin pendant l'été, mais fait apparaître une croissance de 2,8% seulement en rythme annuel (au lieu des 3,5% publiés fin octobre).

Bien qu'il s'agisse de la plus forte progression de l'activité constatée depuis le troisième trimestre de 2007 et qu'elle ait mis fin à quatre trimestres consécutifs de recul du PIB, cela «ne témoigne que d'une reprise modeste de l'activité économique», selon Paul Ferley, analyste de RBC Economics.

De fait, si l'économie a été tirée par la progression de la consommation des ménages (dopée par la «prime à la casse» automobile) celle-ci n'a été finalement que de 2,9%, et non 3,5% comme annoncé en octobre.

La légère remontée de l'indice de confiance des consommateurs, publié mardi par le Conference Board, laisse présager que les dépenses de consommation pourraient continuer de progresser au quatrième trimestre.

Mais plusieurs analystes estiment qu'au delà, rien n'est acquis, du fait de la persistance d'un chômage élevé susceptible de peser sur les dépenses de ménages, moteur traditionnel de l'économie américaine.

Une des meilleures nouvelles du rapport du PIB a trait aux bénéfices des entreprises: ils ont bondi de 10,6% (avant impôt) par rapport au trimestre précédent, soit leur plus forte progression en cinq ans et demi, ce qui pourrait les inciter à embaucher à court terme.

Les minutes de la Fed montrent malgré tout que plusieurs dirigeants du FOMC restent «inquiets de la capacité de l'économie à croître toute seule, sans le soutien de l'État».