La part du marché des nouveaux prêts immobiliers aux États-Unis accordés à des ménages au profil financier risqué («subprime») est revenue à son pic atteint en 2006, révèle une étude d'un économiste de la banque centrale américaine publiée lundi.

«La part des emprunteurs avec un score de crédit de moins de 660 (présentant des garanties limitées, ndlr) est revenue juste au-dessus de 20%, la même que lors du pic de la titrisation des subprime en 2006», indique dans cette étude John Krainer, économiste de la Banque de réserve fédérale de San Francisco.

Selon lui, cette part était tombée à «pratiquement zéro» début 2008.

La titrisation des prêts immobiliers «subprime» est une technique qui consistait pour les banques à transformer ces crédits risqués en titres financiers vendus sur des marchés ni centralisés ni régulés.

Avec la chute du prix de l'immobilier, la valeur ces titres s'est effondrée et a entraîné une cascade de pertes pour les banques qui ont abouti à la crise financière et économique mondiale.

M. Krainer note toutefois de très fortes différences entre les «subprime» actuels et d'avant-crise.

Actuellement, «les trois organismes de refinancement hypothécaire parapublics apportent un soutien sans précédent au marché immobilier, détenant ou garantissant près de 95% des nouveaux prêts hypothécaires résidentiels», note M. Krainer.

Le privé ne se lance donc presque plus dans un prêt subprime sans garantie publique.

Par ailleurs, «l'écriture de nouveaux prêts hypothécaires a considérablement ralenti ces deux dernières années (...) L'endettement net des ménages adossé à un prêt hypothécaire a reculé à chaque trimestre depuis début 2006, et est maintenant négatif pour la première fois depuis les années 70».

Le volume des subprime a chuté par rapport à 2006, le marché du prêt immobilier s'étant effondré en trois ans.

Enfin, la nature des prêts subprime a changé, emprunteurs et prêteurs étant obligés de se conformer aux règles plus strictes de Fannie Mae, Freddie Mac et Ginnie Mae.

«Les titrisations réalisées en dehors des organismes parapublics avaient beaucoup plus de probabilité de comprendre des prêts à taux variable (...) et de s'accompagner de renseignements incomplets sur les revenus et actifs de l'emprunteur», affirme M. Krainer.

«Avec la vaste majorité du prêt hypothécaire actuel désormais intermédié sous une forme quelconque par les organismes parapublics, il sera difficile pour le marché immobilier de revenir à la normale», conclut l'économiste.

À ce jour, le Trésor a consacré 95,6 de milliards de dollars, et la Réserve fédérale 766,5 milliards de dollars, au sauvetage de ces entreprises.

En dehors d'elles, «la titrisation et les prêts détenus dans les portefeuilles de prêteurs (privés) se sont largement taris», souligne l'auteur de l'étude.