La récession américaine a fait mal à l'industrie de la mode. Mais pas au point d'annuler ses défilés à prix d'or - jusqu'à un million US pour une quinzaine de minutes de gloire.

Durant la Semaine de la mode de New York, qui se termine jeudi, 63 designers défileront devant la presse internationale, les représentants de grandes chaînes de magasins et les fashionistas new-yorkais. Le coût des défilés, qui durent environ une quinzaine de minutes chacun, varie entre 50 000 $ US et 1 million.

«Les designers qui peuvent se permettre de dépenser 1 million sont très rares, mais c'est encore possible d'atteindre ce plateau, surtout s'ils payent beaucoup de vedettes pour assister à leurs défilés et porter leurs vêtements», dit Fern Mallis, vice-présidente d'IMG Fashion, qui organise la Semaine de la mode de New York depuis 1993.

Les organisateurs new-yorkais offrent aux designers le choix entre trois types de plateaux, dont le coût de location varie entre 26 000 $US et 50 000 $US. « Ça inclut le son, l'éclairage, la sécurité, le marketing, dit Fern Mallis. Les designers décident ensuite des autres coûts. S'ils engagent Gisele Bündchen comme mannequin, le défilé va être plus cher.»

Plus de designers

Fait étonnant : il y aura cette année davantage de designers qui présenteront leurs collection de printemps que l'an dernier, alors que les défilés avaient lieu au moment même de la faillite de Lehman Brothers, l'événement déclencheur de cette crise financière doublée d'une récession. « Nous avons un designer de plus cette année (63 contre 62), mais les défilés seront plus courts et moins chers, dit Fern Mallis. Tout le monde peut économiser de l'argent. Il faut seulement être un peu imaginatif.»

Si certains designers tentent de réduire la facture de leurs défilés, c'est que les clients se font plus rares. Selon une étude de l'American Apparel and Footwear Association, le consommateur américain moyen a acheté en moyenne 64 vêtements et sept paires de souliers en 2008, alors qu'il avait acheté 67 vêtements et huit paires de chaussures l'année précédente. « L'industrie de la mode a été touchée par la récession comme toutes les industries, dit Fern Mallis. Il y a moins de ventes et il y a des pertes d'emplois, des fermetures de boutiques, des entreprises en faillite. Beaucoup de designers tentent de survivre. Il faut dire que l'industrie vivait à un rythme un peu excessif avant la récession.»

En 1993, lorsque Fern Mallis a organisé la première Semaine de la mode de New York, le Conseil des designers de mode des États-Unis - dont elle venait d'être nommée directrice - voulait regrouper la quarantaine de défilés sous le même chapiteau, au parc Bryant, à Manhattan. « Il y avait 40 défilés dans 40 endroits différents, se souvient-elle. C'était compliqué et cher, car personne ne partageait les coûts.»

Aujourd'hui vice-présidente d'IMG Fashion - qui a racheté l'événement en 2001 -, Fern Mallis croit que ses défilés peuvent venir à bout de tout. Même d'un profond marasme économique. « C'est un rite de passage obligé dans le milieu de la mode, dit-elle. Vendre des vêtements haut de gamme, ce n'est pas comme vendre des sous-vêtements, qui sont un produit plus essentiel. Le consommateur doit se dire : «Je veux ce vêtement car il va changer ma vie !» Et tout ce processus commence à la Semaine de la mode de New York. »

 

La Semaine en chiffres

> 8 jours

> 63 designers, dont DKNY, Tommy Hilfiger, Lacoste, Ralph Lauren, Calvin Klein

> 3000 journalistes de partout dans le monde

> 100 000 spectateurs

> 233 millions US en dépenses touristiques

> 391 millions US en retombées économiques