La Maison-Blanche a revu mardi en forte hausse sa prévision de déficit budgétaire pour 2010, et a reconnu implicitement que la promesse du président Barack Obama de ramener le déficit des États-Unis sous les 3% du PIB à la fin de son mandat ne pourrait être tenue.

Le Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB) a publié dans la matinée un communiqué annonçant une révision en forte baisse du déficit pour l'exercice en cours (2008-2009), mais une hausse considérable du déficit cumulé sur la période 2010-2019.

Les chiffres contenus dans les prévisions complètes actualisées mises en ligne plus tard sur son site internet montrent que le gain de 2008-2009 sera presque effacé au cours de l'exercice budgétaire suivant.

Selon l'OMB, le déficit de l'État fédéral devrait atteindre 1580 milliards de dollars pour l'exercice en cours, qui s'achèvera le 30 septembre, soit 11,2% du produit intérieur brut américain.

C'est 260 milliards de dollars de moins que ce qu'il prévoyait jusque-là (1840 milliards de dollars, soit 12,9% du PIB), mais cela reste un record.

Le Bureau du Budget du Congrès (CBO), qui a publié jeudi ses «nouvelles perspectives budgétaires et économiques» avance peu ou prou la même estimation.

Selon les derniers chiffres du département du Trésor, le déficit approchait les 1300 milliards de dollars fin juillet, à l'issue des 10 premiers mois de l'exercice.

Le CBO relève qu'à 11,2% le ratio déficit/PIB atteindrait un niveau jamais atteint depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Mais le gain potentiel pour l'exercice en cours risque d'être perdu dès l'année suivante puisque la Maison-Blanche table désormais sur un déficit de 1502 milliards de dollars en 2009-2010, soit 243 milliards de dollars de plus que ce qu'elle prévoyait en mai. Le déficit atteindrait alors encore 10,4% du PIB américain.

M. Obama, qui a hérité du gouvernement républicain précédent des finances publiques dans un état catastrophique, s'était engagé à ramener le déficit budgétaire à 533 milliards de dollars à la fin de l'exercice 2013, sous les 3% du produit intérieur brut du pays. L'année 2013 correspond à la fin du mandat de M. Obama, qui a pris ses fonctions de président fin janvier pour quatre ans. Mais les chiffres de l'OMB montrent que la Maison-Blanche estime désormais que le déficit de l'État fédéral atteindra 775 milliards de dollars à la fin de l'exercice 2012-2013, soit environ 4,6% du PIB.

D'une manière générale, l'OMB a revu en hausse de 2000 milliards de dollars sa prévision de déficit budgétaire cumulé pour la période 2010-2019, à 9000 milliards de dollars.

Le CBO, qui tablait sur un chiffre similaire jusqu'à mardi, a en revanche revu en forte baisse sa prévision pour les 10 ans à venir, puisqu'il ne s'attend désormais plus qu'à un déficit cumulé de 7137 milliards de dollars pour la période 2010-2019.

Il n'empêche, tant le CBO que l'OMB relèvent les défis que cet endettement pose au pays.

L'explosion du déficit est lié à la fois à la baisse des recettes fiscales provoquée par la crise, du fait du recul des revenus des entreprises et des ménages, et à la hausse des dépenses liées à la récession (relance budgétaire, hausse des prestations sociales, et sauvetage d'institutions financières).

Pour 2009-2010, 39,9% des dépenses prévue de l'État fédéral seront financées par emprunt, alors que, selon les chiffres du département du Trésor, la dette publique des États-Unis (État fédéral, États fédérés et collectivités locales) dépassait 11 669 milliards de dollars fin juillet, soit environ 82% du PIB tel qu'il a été évalué dans les derniers chiffres publiés par le département du Commerce.