Les prix à la consommation aux Etats-Unis sont revenus à la stabilité en juillet, après un bond mort-né en juin, ce qui arrange la banque centrale (Fed) en lui permettant de continuer à soutenir l'économie aussi longtemps que nécessaire sans trop se soucier de l'inflation.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi à  Washington par le département du Travail américain, l'indice des prix à la consommation n'a pas bougé en juillet par rapport au mois précédent.

Cette stabilité est conforme aux prévisions des analystes. Entraînée par la hausse des produits pétroliers, la poussée d'inflation de juin (+0,7%) avait suivi trois mois de quasi-stabilité, et nombre d'économistes avaient jugé qu'elle ne pourrait pas durer.

En glissement annuel, les prix ont baissé de 2,1% en juillet, ce qui représente une chute jamais vue depuis 1950.

Pour autant cette baisse n'inquiète pas franchement la Fed dans la mesure où l'inflation était dans le haut de la courbe en juillet 2008 du fait de l'envolée des prix des matières premières (dans le sillage des cours record du pétrole), avant que l'intensification de la crise économique et financière ne vienne provoquer un mouvement de désinflation.

«L'économie n'est pas dans une spirale de déflation, et la baisse des prix de 2,1% sur un an s'avérera être le creux de la courbe», prédit Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, pour qui les prix devraient progresser de nouveau en glissement annuel d'ici à la fin de l'année du fait d'un effet moindre de la baisse des produits pétroliers.

Hors alimentation et énergie, l'inflation dite «de base» a été de 0,1% en juillet, contre 0,2% en juin. En glissement annuel, sa hausse a ralenti de 0,2 point par rapport au mois précédent pour atteindre 1,5% en juillet, ce qui est un des niveaux les plus bas jugés acceptables par les autorités monétaires du pays.

La Fed a décidé mercredi de maintenir son taux directeur à quasi-zéro et a annoncé le maintien de ses programmes de soutien à l'économie pour accompagner la reprise, attendue d'ici à la fin de septembre, et que les autorités prévoient anémique ou en dents de scie.

Les chiffres pour juillet semblent confirmer le diagnostic de la Fed selon lequel l'inflation devrait rester «modeste pendant un moment».

«L'indice des prix à la consommation de base est calme [...] et il devrait le rester. Résultat, la Fed n'a pas besoin de se presser pour» remonter son taux, estime M. Gault. «L'inflation est une menace potentielle, mais pas pour tout de suite».

Depuis le mois de juin, la Fed a pris soin de contenir les attentes d'inflation (susceptible, à terme, de faire monter les prix) en affirmant qu'elle ne comptait pas relever son taux directeur avant longtemps.

En effet, la reprise devrait tirer les prix vers le haut mais le retour d'une inflation trop rapide risquerait de couper l'herbe sous le pied de la banque centrale en la forçant à replier son immense programme de relance monétaire avant que la reprise ne soit installée durablement.

Pour Paul Ferley, analyste de RBC Economics, les chiffres de juillet «témoignent de nouveau de l'absence de la moindre menace de hausse des prix» à l'heure actuelle, et cela «va permettre à la Fed de se concentrer sur le retour de l'économie à une croissance solide».

La situation offre même «une plus grande latitude» à la Fed, pour mettre fin à la récession entamée en décembre 2007, estime Millan Mulraine, de TD Economics.

L'économiste indépendant Joel Naroff prévient néanmoins que quand l'heure sera venue de remonter les taux, la hausse devrait être rapide.