Les ventes de détail aux Etats-Unis sont reparties en baisse en juillet, traduisant les défis que l'économie américaine doit encore relever pour sortir définitivement de sa récession la plus grave de l'Après-Guerre.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés jeudi par le département du Commerce à Washington, le commerce de détail (y compris la restauration) a vu ses ventes reculer de 0,1% par rapport au mois de juin.

Cette baisse a totalement pris par surprise les analystes, qui attendaient une hausse de 0,7%, après celle de 0,8% (chiffre revu en hausse de 0,2 point) du mois précédent.

La publication de cet indicateur a eu lieu au lendemain d'une réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed) et confirme le diagnostic de celle-ci selon lequel la reprise risque d'être longue et de connaître des à-coups.

Jugeant que l'économie des Etats-Unis, en récession depuis décembre 2007, semblait «en train de se stabiliser», la Fed a annoncé mercredi le maintien de son dispositif anticrise et a redit son intention de ne pas relever ses taux avant longtemps pour accompagner la reprise attendue d'ici à la fin du mois de septembre.

Non corrigées des variations de prix, les ventes de détail donnent une idée de la tendance de la consommation des ménages, capitale pour l'économie américaine puisqu'elle représente en temps normal plus des deux tiers de la croissance du produit intérieur brut des Etats-Unis.

Après leur effondrement au second semestre de 2008, les ventes de détail n'ont connu que quatre mois de hausse depuis le début de l'année.

Si l'on exclut les ventes d'automobiles (sujettes à de grandes fluctuations d'un mois sur l'autre) et les ventes d'essence (soumises à de fortes variations de prix), l'indice «de base» des ventes de détail a baissé en juillet pour le cinquième mois consécutif (de 0,4% contre 0,1% le mois précédent).

«La tendance est toujours clairement à la baisse», estime Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE.

Et la baisse de l'indice général aurait sans doute été plus forte sans le succès fulgurant de la prime à la casse qui a dopé les ventes de véhicules (+2,4%).

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, «les gens semblent s'habituer à ne pas dépenser, et cela soulève de nouvelles question sur la force de la reprise»: malgré les mesures de relance des autorités, les consommateurs n'achètent pas au rythme souhaité.

Plusieurs économistes ont prévenu que la consommation risquait de jouer au yo-yo pendant plusieurs mois, alors que les ménages ont redécouvert l'épargne face à la crise et à la menace du chômage qui devrait persister au moins jusqu'en 2010.

Le département du Travail a d'ailleurs renforcé ces craintes en publiant jeudi des chiffres montrant une hausse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage après plusieurs semaines de baisse.

Mercredi, la Fed a mis en garde contre tout excès d'optimisme en insistant bien sur le fait que la consommation des ménages, si elle se stabilisait, risquait de rester fragile encore longtemps.

Un signe parmi d'autres: le groupe de distribution Wal Mart, premier employeur des Etats-Unis et spécialiste des prix cassés qui avait vu son activité gonflée par la crise et des clients en quête d'économies, a indiqué jeudi que ses ventes (hors essence) ont reculé de 1,2% à magasins comparables aux Etats-Unis au cours de son deuxième trimestre.