Les banques américaines savaient que la crise des prêts immobiliers à risque («subprime») éclaterait, même si elles n'en avaient pas prévu la gravité, a affirmé mercredi une économiste d'une branche régionale de la banque centrale.

«Pour faire court, les prévisions des prêteurs quant à la hausse du risque de défauts de paiement massifs chez les emprunteurs subprime s'affinaient depuis des années», a écrit cette chercheuse de la Banque de réserve fédérale de Cleveland, Yuliya Demyanyk.

«Très probablement, ce n'est pas la crise qui était inattendue, c'était le moment où elle éclaterait et son ampleur», a-t-elle ajouté, dans un commentaire intitulé «Dix mythes sur les prêts hypothécaires à risque».

«Les taux de défaut étaient en hausse constante durant les six années ayant précédé l'apparition de signes visibles de la crise», a déterminé l'économiste à l'issue d'une recherche statistique.

«Ce fait était aussi connu dans une certaine mesure par ceux qui ont titrisé les crédits hypothécaires subprime pendant ces années. Les émetteurs de la dette titrisée semblent avoir ajusté les taux d'intérêt hypothécaire pour répercuter cette détérioration de la qualité des prêts», a affirmé Mme Demyanyk.

La titrisation est une technique qui consiste à revendre sur le marché des créances regroupées au sein de produits complexes, pour ne plus en supporter le risque. Les excès de cette pratique, avec la vente de titre à des investisseurs peu au courant de ce risque, sont accusés d'avoir alimenté la crise.

«Il est difficile de dire que cette tempête et sa gravité aient été anticipés par quiconque. Les statistiques démontrent, pourtant, que certains participants étaient vraisemblablement conscients de l'imminence d'une correction du marché», a conclu l'économiste.