L'administration Obama s'est livrée jeudi à une défense farouche du gigantesque plan de relance économique qu'elle est en train de mettre en oeuvre et qui, avec l'augmentation des chiffres du chômage, est de plus en plus sujet aux critiques de l'opposition.

Le président Barack Obama a défendu en personne ce plan de 787 milliards de dollars lors d'une réunion publique. Pour faire de même, son vice-président Joe Biden s'est rendu chez l'un des plus éminents détracteurs du plan.

Au même moment, de hauts responsables de la Maison-Blanche expliquaient à des journalistes que ce plan avait toujours été conçu pour s'appliquer sur deux ans, avec pour propos «d'amortir» les effets de la pire crise depuis la Grande Dépression des années 30, et qu'on ne pouvait donc en juger l'efficacité sur quelques mois en brandissant les derniers chiffres du chômage.

«Grâce à ces plans de relance, on a sauvé et créé des emplois à travers tout l'État du New Jersey», a dit M. Obama lors d'un meeting dans cet État de l'Est.

«Et j'aime beaucoup quand j'entends certains de nos adversaires dire: regardez, déjà six mois, et vous n'avez toujours pas réglé nos problèmes économiques. Les Américains ne sont pas dupes», a-t-il dit.

M. Obama a promulgué le 17 février ce plan fait d'investissements dans les grands chantiers publics et d'abattements fiscaux, avec pour objectifs de stimuler la consommation et de créer ou de sauver plus de trois millions d'emplois en deux ans.

Or le chômage s'aggrave au point de faire dire à M. Obama en juin qu'il pourrait atteindre 10% cette année. Le taux de chômage a encore augmenté en juin de 0,1 point, à 9,5%, son plus haut niveau depuis août 1983.

Les adversaires républicains de M. Obama en profitent pour dire que le président ne peut plus se retrancher derrière la situation dont il a hérité. C'est ce qu'a encore fait le numéro deux des républicains à la Chambre Eric Cantor, qui a dénoncé l'échec du plan de relance.

Avant même que M. Cantor ne s'exprime, le vice-président Joe Biden, chargé de superviser l'application du plan, a été dépêché dans la circonscription même de M. Cantor à Richmond, près de Washington, pour une attaque préventive. Il a annoncé l'octroi de 1,59 million de dollars de subventions à Richmond pour préserver des emplois de policiers.

Selon la vice-présidence, 175 milliards de dollars du plan ont déjà été affectés au cours des 130 premiers jours, et le plan est en voie de sauver ou créer 750 000 emplois au cours de ses 200 premiers jours, soit plus de 3000 emplois par jour.

La manière dont on calcule le nombre des emplois sauvés ou créés grâce à un tel plan est un sujet de vive controverse.

À la Maison-Blanche, un conseiller économique de M. Biden, Jared Bernstein, a expliqué qu'on ne passait pas d'une période où on perdait 700.000 emplois par mois à une période de création nette d'emplois sans passer par une phase de stabilisation dans laquelle les États-Unis se trouvent actuellement selon lui.

Mais le plan est seulement «destiné à amortir le choc, pas à compenser complètement la récession la plus profonde depuis la Grande Dépression», a dit M. Bernstein en faisant valoir que ce plan ne représentait qu'une partie de l'action de M. Obama, avec ses mesures de stabilisation financière par exemple.

La Maison-Blanche a de nouveau prévenu que la situation de l'emploi devrait continuer à se dégrader.

«J'ai toute confiance, les Américains comprennent qu'il nous faudra beaucoup de temps pour nous sortir d'un trou très, très profond», a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs.