Les dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed) étudient la possibilité d'utiliser l'énoncé de politique de mercredi pour stopper toute conjecture voulant qu'ils soient disposés à hausser les taux d'intérêt dès cette année.

Les décideurs de la Fed ont déjà indiqué qu'ils acceptent une augmentation des taux de rendement des bons du Trésor de plus long terme, mais certains d'entre eux craignent toute attente prématurée concernant une hausse des taux d'intérêt.

Par ailleurs, le personnel de la Fed s'est penché sur la décision de la Banque du Canada de renoncer à toute hausse de son taux directeur jusqu'en 2010, selon une personne au courant de cette question, sans en être venu à la conclusion que cette annonce s'est avérée efficace.

Ainsi, le 21 avril dernier, la Banque du Canada a réduit son taux directeur à 0,25%, soit le plus bas de son histoire, précisant que «l'on peut s'attendre à ce que le taux cible des prêts d'un jour demeure à son niveau actuel jusqu'à la fin du deuxième trimestre de 2010, la situation étant subordonnée aux perspectives relatives à l'inflation.»

Pour la Fed, une option pourrait consister à mettre l'accent lors de son énoncé de mercredi prochain sur le fait que le ralentissement plus marqué sur le marché du travail et l'activité manufacturière aux États-Unis gardera l'inflation à un niveau bas et tempérera la reprise, estime Michael Feroli, économiste de JPMorgan Chase à New York et ancien membre de la Fed.

Ce qui est en jeu, c'est de garder les coûts d'emprunt suffisamment bas pour favoriser une reprise soutenue sans lier la banque centrale américaine à un seul plan d'action.

«Il existe des manières (pour les décideurs de la Fed) de mettre en lumière leurs attentes concernant des taux d'intérêt bas sans s'engager outre mesure», soutient Lou Crandall, économiste en chef de Wrightson ICAP, de Jersey City, au New Jersey.

Le président de la Fed, Ben S. Bernanke, et ses collègues du Comité fédéral d'open market (FOMC) se réuniront à Washington demain et mercredi. Les économistes prévoient qu'ils laisseront le taux directeur de la Fed dans une fourchette de 0 à 0,25%. Les décideurs discuteront également de tout changement éventuel à leur engagement d'acheter jusqu'à 300 milliards US en bons du Trésor et 1450 milliards US en titres de dette liés à l'immobilier.

Dans ses deux derniers énoncés, le FOMC a indiqué que «les conditions économiques sont susceptibles de justifier des taux exceptionnellement bas des fonds fédéraux pour une longue période.»

Les marchés ont déjà indiqué qu'ils ne tiennent plus compte de ce discours. Les bons du Trésor de deux ans ont glissé depuis qu'un rapport du gouvernement fédéral américain a fait état, le 5 juin dernier, de la plus modeste perte d'emplois en huit mois, le taux de rendement des bons étant de 1,14% hier en début d'après-midi à New York, comparativement à 0,91% au début de juin.

Les contrats à terme sur les fonds fédéraux américains pour mars présentent un taux de rendement de 0,705%, ce qui indique une certaine probabilité de hausse des taux d'ici le premier trimestre de 2010.

Si les pertes d'emplois sont en régression, des responsables de la Fed ont toutefois souvent répété que le taux de chômage va vraisemblablement augmenter au cours des mois à venir.