Plus de cent victimes de Bernard Madoff ont écrit au juge new-yorkais qui doit prononcer le 29 juin sa sentence, insultant le financier déchu et réclamant contre lui la prison à perpétuité.

«Diable», «Assassin», «Monstre», «Voleur», peut-on lire dans un document de 141 pages publié lundi et dans lequel le parquet a regroupé les lettres reçues ces dernières semaines.

Bernard Madoff, 71 ans, est incarcéré depuis qu'il a plaidé coupable le 12 mars dernier de fraude massive, portant selon les calculs sur 50 à 60 milliards de dollars. Ce montant est virtuel puisqu'il a admis n'avoir jamais investi le moindre centime des sommes colossales qui lui ont été confiées pendant plus de deux décennies.

À ce jour, le liquidateur judiciaire n'a réussi à récupérer qu'environ un milliard de dollars pour indemniser les victimes de la fraude.

Certains ne se contentent pas de demander la prison à vie. «S'il vous plait, assurez-vous que la cellule où il va pourrir soit extrêmement inconfortable», écrit par exemple Jesse Cohen, un entrepreneur du New Jersey qui avait confié tous ses avoirs à l'investisseur.

L'ancien président du conseil d'administration du Nasdaq --la bourse électronique de New York--, qui fréquentait de manière assidue les terrains de golf de Palm Beach en Floride (sud-est) et qui était membre de l'élite juive new-yorkaise, a été arrêté le 11 décembre dernier. Ses victimes se comptent par milliers et se trouvent dans le monde entier, allant de simples épargnants qui ont tout perdu et n'ont plus de retraite, à des banques ou des organisations caritatives.

Natalie Erger, une femme d'affaires qui se dit «condamnée par Madoff à la ruine et à l'angoisse permanente», le compare à Hitler et Saddam Hussein.

«Assassin, escroc, bandit de grand chemin», écrit Phyllis Lerner, tandis que pour Jackie Stone, l'ancienne star de Wall Street est un «destructeur diabolique». «Je pleure tous les jours», ajoute-t-elle.

Norman Feinberg, un retraité de 70 ans, raconte qu'il a tout confié à Bernard Madoff «en raison de sa réputation impeccable».

«Pouvez-vous croire que lorsque nous étions adolescents, puis jeunes mariés, nous avons été amis de Bernie et Ruth Madoff?», écrivent Carl et Alyse Kornblum, 70 et 66 ans respectivement.

Madoff «est un psychopathe, menteur, ego-maniaque qui essaye d'obtenir une sentence magnanime», avertit William Cohen de Floride.

Ron Weinstein, un new-yorkais de 62 ans qui qualifie le financier déchu d'«animal vicieux», résume en une phrase l'opinion des victimes: «cette ordure ne doit plus jamais revoir la lumière du jour».