Le régulateur boursier américain, la SEC, a annoncé jeudi qu'elle engageait des poursuites contre le cofondateur du prêteur hypothécaire Countrywide Financial, et deux ex-cadres dirigeants du groupe.

Il leur est reproché d'avoir, entre 2005 et 2007, «délibérément trompé les investisseurs au sujet des risques de crédit considérables pris pour bâtir et maintenir la part de marché du groupe», a indiqué la SEC dans un communiqué.

L'ex-PDG du groupe, Angelo Mozilo, est également poursuivi pour délit d'initié, car il a vendu entre novembre 2006 et août 2007 pour 140 millions de dollars d'actions obtenues en faisant jouer des stock-options.

Countrywide Financial incarne les pires dérives qui ont conduit à la crise des prêts hypothécaires à risques (dits «subprime»).

La banque californienne avait prêté massivement à des ménages au profil financier fragile, ce qui l'a mené à sa perte quand les prix de l'immobilier ont chuté et mis ses clients dans des situations inextricables.

Au moment de sa chute, Countrywide était le premier prêteur hypothécaire des États-Unis. Menacé d'une faillite imminente, l'établissement avait du accepter en janvier 2008 de se faire racheter en urgence par Bank of America.

Au cours d'une conférence de presse, Le directeur de la division judiciaire de la SEC, Robert Khuzami, a porté des accusations accablantes contre M. Mozilo, qui aurait dissimulé «la détérioration des normes de souscription, le risque croissant de retards et défauts de paiements dans leur portefeuille de prêts hypothécaires, et des perspectives de plus en plus sombres pour l'avenir».

«C'est l'histoire de deux sociétés: l'une que voyaient les investisseurs de l'extérieur, qui était censée être caractérisée par des pratiques prudentes et des risques étroitement contrôlés, et le véritable Countrywide, qui ne pouvait être vu que de l'intérieur, qui vacillait sous l'effet de crédits hypothécaires en déliquescence, de normes laxistes, et d'un modèle économique de plus en plus suspect», a ajouté M. Khuzami.

La SEC dit s'être appuyée sur la comparaison entre les documents publiés à l'intention des investisseurs, et des messages électroniques de la même époque qui montraient à quel point les dirigeants de Countrywide étaient préoccupés en dépit de leur optimisme de façade.

M. Mozilo avait été évincé du groupe lors du rachat par Bank of America. Depuis, la nouvelle maison mère a déboursé 8,6 milliards de dollars pour mettre un terme à une multitude de poursuites judiciaires, et aider les anciens clients à renégocier leurs emprunts immobiliers.

Les deux autres dirigeants inculpés sont l'ancien directeur opérationnel David Sambol et l'ancien directeur financier Eric Sieracki.