L'activité économique s'est contractée un peu moins qu'initialement prévu aux Etats-Unis au premier trimestre, mais la faiblesse de la consommation et de l'investissement est de mauvais augure pour ceux qui espèrent un retour rapide à la normale.

Selon la deuxième estimation du produit intérieur brut publiée vendredi par le département du Commerce, l'activité a reculé de 5,7% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, alors que la première estimation publiée un mois auparavant faisait état d'une chute de 6,1%.

Les économistes avaient anticipé cette révision, mais pensaient qu'elle serait plus marquée, tablant en moyenne sur -5,5%.

Cette bonne nouvelle, toute relative, s'accompagne d'une cascade de faits inquiétants, rappelant que l'hiver avait été une période de profonde déprime pour la première économie mondiale.

Tout d'abord, ce trimestre a été le troisième consécutif de recul de l'activité, ce qui n'était plus arrivé depuis 1974-1975. Et même si les économistes et les autorités s'accordent pour dire que le pire de la récession appartient au passé, ils prévoient que les Etats-Unis alignent un quatrième trimestre de baisse, avant peut-être de revenir à la croissance durant l'été.

Ensuite, le détail des chiffres montre les dégâts qu'a causés la récession.

La nouvelle la plus inquiétante est que la consommation des ménages a été revue à la baisse: sa progression n'a été que de 1,5% en rythme annuel (contre 2,2% lors de la première publication), et sa contribution à la variation du PIB que de +1,08 point (contre +1,50 point).

Cette composante est la plus suivie, puisque la consommation génère traditionnellement plus des deux tiers de l'activité du pays. La proportion a même atteint 72% lors du trimestre écoulé du fait de la chute de l'investissement privé, qui n'y a contribué que pour 12% seulement.

Ian Shepherdson, de HFE Economics, a estimé qu'il s'agissait d'une «surprise», la reprise de la consommation apparaissant finalement très modeste après sa chute des deux trimestres précédents (-3,8% au troisième et -4,3% au quatrième).

Le point noir pour l'activité a été le creux de l'investissement des entreprises (hors variations de stocks) et des ménages: il a chuté de 37,3% en rythme annuel (contre 37,9% initialement estimé), un record depuis la première publication de cette statistique en 1947.

Autre poids sur l'activité, le déstockage auquel ont procédé les entreprises, comptabilisé comme investissement négatif. «Nous sommes perplexes quand nous lisons qu'une reconstitution des stocks va soutenir la croissance au second semestre», a souligné M. Shepherdson.

Augustine Faucher, de Moody's Economy.com, y voyait au contraire une raison d'espérer: «les entreprises se débarrassent rapidement de leur surplus d'offre. Par conséquent, quand la demande redémarrera, elles devront accroître vite leur production pour satisfaire les commandes».

C'est en tout cas le pari qu'a fait l'administration de Barack Obama avec son plan de relance, dont les effets sont surtout attendus à partir du troisième trimestre.

D'autres doutent que le mécanisme se mette en route de manière aussi idéale. Le président de la Réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, affirmait jeudi soir que l'économie américaine allait connaître «non pas un rebond en forme de V, ni en forme de U, mais un long et laborieux chemin pour trouver un mélange plus judicieux et durable entre la consommation, l'épargne et l'investissement».