Les permis de construire et les mises en chantier de logements ont encore chuté en avril aux États-Unis mais leur baisse surprise ne semble pas remettre en cause la stabilisation tant attendue du marché du logement, que les analystes voient se rapprocher à grand pas.

Le nombre de nouveaux permis de construire est tombé en avril à 494 000 en rythme annuel, soit 3,3% de moins que le mois précédent, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés mardi par le département du Commerce.

C'est leur niveau le plus bas depuis le début de la publication de cette statistique en 1960. Le record précédent ne datait que du mois de mars, et cette nouvelle chute a surpris les analystes, qui s'attendaient à un rebond, à 530 000 permis accordés.

Le nombre de permis de construire donne une idée de la tendance à venir du marché de la construction, en décrépitude depuis deux ans et dont la stabilisation, avec celle de l'immobilier (à l'origine de la crise), passe pour être une des clefs de la reprise aux États-Unis.

Signe encourageant, la chute des permis a ralenti en avril (elle avait atteint 7,1% en mars). Et surtout, le nombre de permis de construire de maisons individuelles a progressé de 3,6%, après une baisse de 5,5% en mars.

Ce chiffre est celui qui retient en premier lieu l'attention des analystes puisque la construction de maisons individuelles représente de loin la plus grande part du marché de la construction de logements.

Témoignant de l'anémie actuelle de ce marché, le nombre de mises en chantier a chuté encore plus fortement que les permis, de 12,8% par rapport à mars. En rythme annuel, cela représente 458 000 départs de chantier, soit un nouveau plancher depuis le début de la publication de cette statistique en 1959.

Néanmoins, les débuts de chantiers de maisons individuelles, qui ont augmenté de 2,8% en avril, «ont continué de se stabiliser» (après leur hausse de 0,3% en mars), note Marie-Pierre Ripert, analyste de Natixis. Pour elle, l'activité de l'immobilier devrait se stabiliser même si aucune reprise forte ne doit être espérée à moyen-terme.

Autre signe d'espoir, le moral des constructeurs de logements est remonté pour le deuxième mois de suite en mai, après avoir touché le fond en mars, selon l'étude de mensuelle de l'Association des constructeurs de logements (NAHB) et de la banque Wells Fargo publiée lundi.

Même si leur moral reste très bas, cette nouvelle hausse «indique que les constructeurs de logements sentent que le marché a touché le fond ou est près de le toucher», estime la NAHB.

L'Association estime que les conditions sont particulièrement propices pour les acheteurs, avec des taux d'intérêts et des prix très bas et un crédit d'impôt de 8 000 dollars pour ceux qui acquièrent un logement pour la première fois.

D'ailleurs, les dépenses de construction aux États-Unis ont augmenté en mars après cinq mois de baisse, selon d'autres chiffres publiés en début de mois par le ministère.

Plusieurs analystes relèvent qu'une grande part de la chute d'avril est liée à la construction d'immeubles d'habitation, secteur très fluctuant d'un mois sur l'autre. Le mauvais temps pourrait aussi avoir pesé sur les départs de chantiers.

Pour Patrick Newport, économiste d'IHS Global Insight, les mises en chantiers de logements seront engagées dans «une reprise durable mais lente au second semestre.»

Benjamin Reitzes, de BMO Capital Markets, estime qu'un rebond des permis et des mises en chantier est peut-être déjà en cours en mai.