Le rythme des pertes d'emplois a très nettement marqué le pas en avril aux États-Unis, essentiellement grâce à  l'État, mais le chômage continue de grimper et l'économie américaine, encore très faible, reste incapable de créer des emplois par elle-même.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par le département du Travail, 539 000 emplois nets ont été perdus en avril. C'est encore beaucoup mais ce chiffre est très inférieur à ce que redoutaient les analystes, qui tablaient sur 600 000 destructions de postes.

Ces licenciements ont fait grimper le taux de chômage de 0,4 point par rapport à mars, à 8,9%, son plus haut niveau depuis septembre 1983.

Le président Barack Obama s'est voulu prudemment optimiste au vu de ces chiffres. «Si on peut trouver encourageant d'une certaine manière que ce chiffre soit moins élevé qu'au cours de chacun des six mois précédents, c'est un bilan qui donne à réfléchir», a-t-il déclaré.

Mais, a-t-il ajouté, «bien que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir avant que cette récession ne soit derrière nous, notre moteur économique recommence à tourner».

Chez le voisin canadien, dont l'économie est étroitement imbriquée à celle des États-Unis, l'emploi est contre toute attente reparti à la hausse en avril, avec 35 900 emplois nets créés, alors que les analystes s'attendaient à une perte de quelque 50 000 emplois.

Aux États-Unis, le nombre des emplois perdus est le plus faible observé en un mois depuis novembre. Cette amélioration toute relative vient après un premier trimestre noir où l'économie a perdu en moyenne 707 000 postes de travail chaque mois.

Mais la première économie mondiale apparaît encore incapable de créer des emplois par elle-même.

Un grande part de l'amélioration relative d'avril résulte de l'action de l'État, qui a créé 72 000 emplois. Le privé, lui, en a détruit 611 000, tous secteurs confondus, à l'exception de l'éducation et des services de santé, qui ont créé 15 000 postes.

«Depuis le début de la récession en décembre 2007, 5,7 millions d'emplois ont été perdus et le taux de chômage a gagné quatre points de pourcentage», a rappelé le ministère.

Le rythme des destructions d'emploi a ralenti dans l'industrie et plus encore dans le secteur des services, où travaille environ 85% de la main d'oeuvre non-agricole.

«C'est moins mauvais» que les mois précédents, «mais c'est loin d'être une victoire ou même une stabilisation», estime Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE.

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, les chiffres de vendredi «sont véritablement catastrophiques mais doivent être considérés comme bons parce que les pertes d'emplois ont ralenti».

Plusieurs indicateurs économiques récents sont venus alimenter l'espoir que le pire de la crise pourrait être passé. Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a estimé cette semaine que la récession devrait s'achever avant la fin de l'année mais a prévenu que la reprise serait lente et que le chômage continuerait de monter.

Les chiffres officiels montrent aussi que le salaire horaire moyen a progressé de moins de 0,1% en avril après une hausse déjà faible de 0,2% en mars.

«C'est une nouvelle mauvaise et inquiétante», estime M. Shepherdson. «Sans hausse de leur salaire», les gens ne peuvent que réduire «fortement leur dépenses de consommation», qui sont normalement le moteur de la croissance américaine.