«Les choses vont mieux» pour l'économie américaine, mais celle-ci fait toujours face à des «défis énormes», a déclaré mercredi le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner sur la chaîne de télévision Bloomberg.

«Je pense que les choses vont mieux», a déclaré M. Geithner.

«Néanmoins, je m'inquiète parce que des défis énormes sont toujours là», a-t-il ajouté, selon une transcription de l'émission que s'est procurée l'AFP.

«Il nous a fallu longtemps pour en arriver [là où nous en sommes] et il nous en faudra également beaucoup pour en sortir», a-t-il ajouté, reprenant d'une certaine façon à son compte l'appréciation du président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, pour qui la reprise de l'économie américaine serait lente et soumise à des aléas.

M. Geithner a néanmoins refusé de répondre clairement quand on lui demandait si le Trésor partageait l'avis de M. Bernanke quant au fait que la reprise de la première économie mondiale devrait arriver au deuxième semestre.

Faisant allusion aux récents indicateurs économiques meilleurs que prévu laissant présager que le pire de la récession pourrait être passée aux États-Unis, M. Geithner a ajouté: «Ces signaux montrant un peu de stabilité sont importants».

«Ils sont une étape nécessaire avant le début de la reprise, mais [...] cela va prendre du temps», a-t-il dit.

«Les gens doivent se préparer à la possibilité que le chômage continue de monter même quand l'économie aura entamé sa reprise», a prévenu le ministre. Cet avis est partagé par de nombreux économistes, alors que le taux de chômage est déjà au plus haut depuis plus de 25 ans, à 8,5%.

M. Geithner a par ailleurs jugé qu'il n'y avait pas besoin «pour l'instant» d'une nouveau plan de relance budgétaire en plus de celui de 787 milliards de dollars sur trois ans promulgué mi-février.

«Mais c'est une chose que nous devons garder en tête, avec vigilance», a-t-il ajouté réaffirmant son leitmotiv répété à ses homologues du Groupe des Sept fin avril à Washington: le gros danger serait de relâcher trop tôt le soutien à la demande.

Concernant la situation du marché de l'immobilier, dont la stabilisation est jugée comme un préalable à la reprise américaine, M. Geithner a jugé que l'on n'était pas loin d'avoir touché le fond, grâce à l'action des autorités pour faire baisser les taux d'emprunt, mais qu'il y avait «encore du chemin à parcourir».

L'économie américaine est entrée en récession en décembre 2007. Depuis l'été 2008, elle a connu trois trimestres consécutifs de recul du PIB. Après un recul de 0,3% en rythme annuel au troisième trimestre 2007, l'activité s'est contractée de 6,3% à l'automne, et de 6,1% au cours des trois premiers mois de l'année.

Malgré les inquiétudes exprimées récemment par les Chinois (premiers détenteurs de titres du trésor américains) sur la sécurité de leurs investissements aux États-Unis, M. Geithner a jugé que ceux-ci avaient encore confiance dans l'économie américaine.

Il en a voulu pour preuve le fait que «si l'on regarde les six derniers mois, les trois derniers mois, l'année dernière, à des moments où les peurs concernant la santé et la stabilité du système financier mondial étaient les plus fortes [...] l'argent a d'une manière générale afflué vers les États-Unis.»