Le fort ralentissement des destructions d'emploi dans le secteur privé aux Etats-Unis en avril a conforté l'espoir que l'économie américaine pourrait avoir passé le pire de la récession, même si son rétablissement ne va pas encore de soi.

Selon une étude de la société de service aux entreprises ADP publiée mercredi, le secteur privé a détruit 491 000 emplois aux Etats-Unis en avril. C'est à la fois beaucoup moins qu'en mars (708 000) et que ce que craignaient les analystes, qui attendaient 645 000 licenciements nets.

Selon ADP, le secteur des services, qui assure près de 85% de l'emploi non agricole aux Etats-Unis, a perdu 229.000 postes en avril, après 384 000 en mars. L'hémorragie a continué dans l'industrie qui a encore perdu 262 000 emplois, après 324 000 le mois précédent

Les grandes entreprises, comptant 500 salariés ou plus, ont supprimé 77 000 emplois, les entreprises moyennes (de 50 à 499 salariés) 231 000, et les petites entreprises 183 000.

Les PME sont le moteur de la création d'emplois aux Etats-Unis. Le nombre de postes qu'elles ont dû supprimer en avril montre «que la récession continue de s'étendre au-delà du secteur de l'industrie et des activités liées au logement pour gagner presque tous les secteurs de l'économie», écrit ADP.

Malgré cela, ces chiffres viennent renforcer l'optimisme suscité depuis avril par nombre d'indicateurs meilleurs, ou moins mauvais, que prévu.

Tout récemment, les indicateurs ISM d'activité dans l'industrie et dans les  services ont montré un fort ralentissement de la contraction dans ces secteurs.

Sur fond de ralentissement de la baisse des prix de l'immobilier, les dépenses de construction sont reparties en mars à la hausse, pour la première fois en six mois, tandis que les promesses de ventes de logements augmentaient pour le deuxième mois d'affilée.

Ces chiffres sont venus s'ajouter à une remontée de la confiance des consommateurs et à une stabilisation relative des dépenses de consommation.

Plusieurs économistes prévoient désormais que la récession entamée en décembre 2007 pourraient s'achever au troisième trimestre, et certains vont même jusqu'à envisager une reprise avant même le milieu de l'année.

Mardi, le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke a déclaré que l'économie devrait se ressaisir avant la fin de l'année, même si cette reprise sera lente et que le chômage devrait «rester élevé» un certain temps.

Le ralentissement des pertes d'emplois est une nouvelle encourageante dans la mesure où la poursuite de licenciements élevés risque de miner le moral des ménages et donc d'entraver la reprise de la consommation, moteur traditionnel de la croissance américaine.

Il devra encore être confirmé par les chiffres officiels du département du Travail publiés vendredi et qui couvrent à la fois le secteur privé et le secteur public. Les analystes s'attendent à 620.000 suppressions d'emplois en avril, contre 666.000 en moyenne chaque mois de novembre à mars.

Les chiffres de l'ADP sont «moins désastreux qu'auparavant» mais «l'idée selon laquelle l'économie est désormais sur la voie d'une reprise régulière me laisse (...) profondément sceptique», estime Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE.

Pour Peter Morici, professeur à l'Université du Maryland (est), «l'économie va se redresser d'ici à la fin de l'année» mais «de nombreux écueils dangereux restent cachés juste sous la surface».