Les Américains ont submergé la Maison-Blanche de questions posées via l'internet à Barack Obama, qui devait y répondre jeudi au cours de la première réunion publique en ligne de sa présidence.

M. Obama a invité ses compatriotes à un exercice de démocratie de masse qui pourrait transformer les relations entre le citoyen et le gouvernement: il les a appelés à aller sur le site de la Maison-Blanche, à soumettre leurs questions et à voter pour celles qui leur paraissaient les plus importantes. Il leur a donné rendez-vous ce jeudi à 11h30 pour y répondre.

Parce que les États-Unis connaissent leur pire récession depuis la Grande dépression des années 30 et parce que le combat contre la crise est l'entreprise de tous les instants de sa jeune administration, M. Obama n'a guère posé qu'une condition: que les questions portent sur l'économie.

«Nous allons essayer quelque chose d'un peu différent: nous allons mettre internet à profit pour vous faire tous venir à la Maison Blanche parler de l'économie», a-t-il dit dans la vidéo postée sur le site de la Maison Blanche et conviant les Américains à ce meeting d'un nouveau genre.

«Comme cela, je peux me faire une idée de ce qui vous préoccupe et vous répondre directement», a-t-il dit.

À 9h30 jeudi, à la fermeture de l'appel à questions, plus de 90 000 personnes avaient posé plus de 100 000 questions, et plus de 3,5 millions avaient voté pour leurs questions préférées.

S'il s'agissait, comme l'a signifié M. Obama, de disposer d'un «instantané de ce qui compte pour les Américains à travers le pays», il aura eu la confirmation qu'ils s'inquiètent pour leur travail, pour leur couverture santé ou pour leur éducation, autant de sujets de préoccupation pour lui-même.

Mais l'exercice se prêtait à l'expression de soucis moins communs à tous les Américains, et plus à certains groupes d'intérêt. Le lobby pour la légalisation de la marijuana semble avoir mobilisé les siens pour interroger le président.

Restait à savoir si M. Obama parlerait d'autre chose que l'économie en répondant aux questions qui devaient lui être lues ou soumises par vidéo devant une centaine de personnes réunies à la Maison Blanche, en même temps que la séance était retransmise en direct sur internet.

M. Obama entend, dit-il, tenir ainsi la promesse d'ouvrir davantage la Maison Blanche aux Américains. Il s'en remet pour cela à ces nouvelles technologies qui l'ont tant aidé pendant sa campagne.

Comme le président Franklin Roosevelt tâchait de rassurer les Américains par ses causeries au coin du feu retransmises par la radio au cours de la Grande dépression, M. Obama tâche de rallier le soutien de ses compatriotes à un moment où son gouvernement est engagé dans un combat sur tous les fronts contre la crise.

Si les discussions en ligne existaient déjà sous ses prédécesseurs Bill Clinton et George W. Bush, M. Obama intensifie le recours aux nouvelles technologies qui servent même sa diplomatie. Elles lui ont permis de diffuser plus largement un message historique aux dirigeants iraniens la semaine passée.

Cette première réunion publique en ligne est une «expérience», a-t-il dit.

Mais son porte-parole Robert Gibbs a laissé entendre qu'elle devrait se renouveler. «C'est le moyen pour le président de faire ce qu'il aime faire quand il prend la route, mais qui lui permet d'économiser de l'essence», a-t-il dit.

Et l'administration s'est employée à rassurer les sceptiques: M. Obama ne répondra pas qu'aux questions faciles parce que, a-t-elle dit, il n'est jamais aussi bon qu'avec les questions qui dérangent.