Le président Barack Obama a indiqué dimanche voir naître des «lueurs d'espoir» dans l'économie américaine, à la veille de la présentation d'un plan pour libérer les banques de leurs actifs douteux qui empoisonnent le marché du crédit.

Dans un entretien à la chaîne de télévision CBS diffusé dimanche soir, M. Obama a aussi mis en garde le Congrès contre une réaction excessive contre les primes octroyées à des cadres de l'assureur AIG, qui risquerait d'entraver la reprise économique et d'être en contradiction avec la Constitution.

«Nous commençons à voir des lueurs d'espoir ici ou là» dans l'économie, a déclaré M. Obama dans l'émission 60 Minutes, largement consacrée à la crise.

«Les refinancements (de crédits) ont beaucoup progressé, les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas. Cela permet d'espérer qu'au moins le marché immobilier se redresse et se stabilise», a souligné le président. Mais «cela n'arrivera pas en même temps dans tout le pays».

La globalisation de l'économie présente à la fois des risques et des espoirs, a-t-il dit.

«L'économie moderne est tellement imbriquée et interconnectée, que les mauvaises choses arrivent vraiment très vite, mais les choses peuvent aussi s'améliorer plus vite que dans le passé», a relevé le président.

Le monde financier reste en revanche soumis à des «risques systémiques», où la faillite d'une ou plusieurs institutions majeures en précipiterait beaucoup d'autres dans leur chute.

«Et si toutes (...) font faillite en même temps, alors on pourrait voir une récession encore plus destructrice, et potentiellement une dépression», a-t-il ajouté, refusant de nommer les banques dans la situation la plus précaire.

Mais «je suis optimiste (et je pense que) cela n'arrivera pas, parce que je crois que nous avons tiré des leçons de la Grande dépression» des années 1930, a jugé le président.

C'est lundi que le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner doit préciser ce qu'il compte faire pour libérer les banques de leurs actifs douteux afin de relancer le marché du crédit. Un plan déjà critiqué par le secteur privé.

Le gouvernement évolue «dans une marge très étroite», a reconnu M. Obama. «Les banques adoreraient (avoir) plein d'argent du contribuable sans condition. Les gens du Congrès, et les Américains, adoreraient réparer les banques sans dépenser d'argent», a-t-il dit.

L'esquisse de ce plan avait été fraîchement accueillie en février, faisant chuter la Bourse.

Cette semaine, le Congrès doit par ailleurs débattre d'un projet de loi, adopté jeudi par la Chambre des représentants, imposant à 90% les primes telles que celles octroyées par l'assureur AIG, renfloué par l'Etat, qui ont provoqué la colère de l'opinion publique et des parlementaires.

Cependant, a réagi M. Obama, il ne faudrait pas «utiliser le code fiscal pour punir les gens», et «en général, je pense qu'il n'est pas souhaitable de passer des lois qui visent seulement un petit groupe d'individus».

«Il est compréhensible que les gens soient consternés» après le versement ce mois-ci de 165 millions de dollars de primes à des cadres d'AIG, a estimé le président.

Toutefois, «essayons de voir si nous pouvons agir de manière légale et constitutionnelle», a-t-il ajouté.

«Ce que j'ai essayé de souligner cette semaine, et que je vais continuer à souligner (...), c'est qu'on ne peut pas gouverner par la colère», a-t-il conclu.