Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a déclaré jeudi qu'il assumait «l'entière responsabilité» du scandale suscité par le versement de primes par l'assureur AIG à certains de ses cadres, en dépit de son renflouement par des fonds publics.

«J'ai été informé mardi (10 mars, ndlr) de l'étendue et de la portée véritables de ces questions spécifiques aux bonus», a déclaré M. Geithner lors d'un entretien accordé à la télévision CNN. «Je me suis trouvé dans la position de ne pas être au courant de cela plus tôt, j'en assume l'entière responsabilité», a ajouté M. Geithner, selon la transcription de cet entretien devant être diffusé à 20H00 sur la chaîne d'information en continu.

M. Geithner n'a toutefois manifesté aucune intention de démissionner, alors que sa tête a été réclamée par certains membres de l'opposition républicaine.

Le scandale a éclaté lorsqu'il a été révélé que l'assureur AIG avait versé 165 millions de dollars de primes à certains de ses cadres, alors que l'État a dû dépenser plus de 170 milliards de dollars pour sauver le groupe de la faillite.

Plusieurs élus ou commentateurs ont reproché à M. Geithner d'avoir été au courant de la décision d'AIG mais de n'avoir rien fait pour empêcher le groupe de la réaliser.

Mais M. Geithner a redit ce que d'autres responsables du gouvernement avaient dit plus tôt, à savoir qu'il avait agi «très vite» pour tenter d'empêcher le versement de ces primes dès qu'il en avait eu connaissance, mais qu'il «n'y avait aucun moyen légal de bloquer» certains de ses versements.

Là où il y avait des possibilités d'agir, «nous avons insisté ou renégocié» pour que soit préservé l'argent du contribuable, a-t-il ajouté.

«Rien de ce que nous faisons n'est dans l'intérêt des banques ou des gros investisseurs», a ajouté M. Geithner à l'intention d'une opinion publique scandalisée par ce qui s'est passé chez AIG.

«Tout ce que nous faisons est pour le peuple et les entreprises qui dépendent du système financier», a-t-il dit.

M. Geithner avait reçu mercredi le soutien du président Barack Obama qui lui avait témoigné de sa «confiance totale» avant de déclarer: «Au bout du compte, c'est moi qui suis responsable. C'est moi qui suis président.»

Jeudi, la Chambre des représentants américaine a adopté un projet de loi imposant à 90% les primes telles que celles octroyées par AIG.

Les élus ont voté un impôt visant les salariés dont la rémunération dépasse les 250.000 dollars par an dans des entreprises qui ont reçu plus de cinq milliards de dollars d'aide publique.

De son côté, le responsable du contrôle de l'utilisation des fonds publics accordés aux banques américaines, Neil Barofsky, a annoncé qu'il allait enquêter sur ces primes, et notamment sur le rôle joué par le Trésor.