Le financier Bernard Madoff, qui a plaidé coupable jeudi pour une fraude portant sur quelque 50 milliards de dollars US, s'est dit «profondément désolé et honteux» devant le juge, expliquant qu'il avait cru pouvoir «se dépêtrer» de son escroquerie.

Le financier américain Bernard Madoff a plaidé coupable jeudi, devant un tribunal de New York, de 11 chefs d'inculpation dans la gigantesque fraude dont il est accusé et le juge a ordonné sa mise en détention immédiate en attendant de prononcer sa condamnation le 16 juin.

Pour la première fois publiquement, le financier, accusé d'une escroquerie portant sur quelque 50 milliards de dollars, a exprimé des regrets au cours de l'audience, se disant «profondément désolé et honteux».

«Que plaidez-vous ?», a demandé le juge Denny Chin, «coupable», a répondu Bernard Madoff, 70 ans. La procédure du plaider coupable permet d'éviter un procès devant un jury.

Costume gris sur chemise blanche et cravate sombre, le financier s'est montré très nerveux pendant que le juge l'interrogeait, et celui-ci a dû lui demander de parler plus fort. Il a plaidé coupable notamment de fraude, blanchiment d'argent et vol. «Est-ce que vous vous sentez bien?» lui a demandé le juge. «Oui», a-t-il répondu, dans une salle d'audience bondée.

«Monsieur Madoff, dites-nous ce que vous avez fait», lui a ensuite demandé le juge.

«Je suis profondément désolé et honteux», a répondu Bernard Madoff, expliquant que la fraude avait commencé dans les années 1990.

«Je pensais que cela s'arrêterait vite et que j'arriverais à me dépêtrer» de cette situation «ainsi que mes clients», a-t-il dit, mais «cela s'est avéré difficile, et finalement impossible».

«Je ne peux pas exprimer convenablement à quel point je suis désolé», a-t-il poursuivi, ajoutant: «je suis ici aujourd'hui pour accepter la responsabilité de mes actes».

Le juge a ensuite ordonné son placement immédiat en détention, déclenchant les applaudissements des victimes de la fraude présentes dans la salle, et Bernard Madoff a quitté menotté la salle du tribunal. Il connaîtra sa condamnation le 16 juin.

Le tribunal, qui a enregistré 25 demandes d'intervention de victimes, a entendu jeudi trois témoignages.

L'un d'eux, une femme, a regretté que M. Madoff n'ait pas eu de procès. «Avec un procès, nous aurions eu plus de chances de comprendre l'envergure mondiale de ces actes épouvantables», a-t-elle dit.

Une autre victime a demandé à ce que la lumière soit faite sur d'éventuelles complicités. M. Madoff «n'a pas commis ces actes tout seul», a-t-elle dit.

«Les investigations du gouvernement continuent et vont continuer», a assuré le procureur Marc Litt. «Un grand nombre de ressources sont déployées pour découvrir les fonds, ainsi que toute personne qui pourrait avoir une responsabilité dans cette fraude», a-t-il ajouté.

Aucun autre membre de sa famille n'a été poursuivi pour l'instant mais le frère du financier, Peter, et ses fils Mark et Andrew pourraient se retrouver dans le collimateur de la justice, selon des experts judiciaires. Son épouse, Ruth, serait sur le point d'engager son propre avocat.

L'accusation estime qu'en plus de vingt ans, 177 milliards de dollars ont transité par le fonds de Bernard Madoff, au détriment de nombreux investisseurs.

Son avocat Daniel Horowitz a catégoriquement rejeté cette estimation, la jugeant «extrêmement exagérée».

Lors de l'audience, M. Madoff a reconnu n'avoir «jamais investi aucune somme dans des achats de titres». «J'ai utilisé les fonds déposés par les investisseurs pour payer d'autres clients», a-t-il expliqué.